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mercredi, avril 24 2013

Charles Williams - Et la mer profonde et bleue

Non que la lecture de Et La Mer profonde et bleue  soit reposante. Mais quel passionnant thriller ! du genre qu’on est obligé(e) de lâcher de temps à autre pour reprendre – entre meurtres, incendie, espionnage, grains, noyades et autres naufrages – un peu de souffle. Harry Goddard, un yachtman naufragé au grand large des Philippines est recueilli sur un cargo, grâce à l’effet conjugué d’une panne et du regard perçant de l’une des deux passagères – sortie de sa cabine exaspérée par les rugissements d’amour de l’autre passagère. Le reste des occupants du bateau, équipage et passagers, est masculin. Il y a un capitaine falot et bigot, et un second, solaire et sarcastique. Et bien vite, on le comprend, des séquelles très toxiques du nazisme. Les termes de navigation y sont très abondants, témoignant des compétences de l’auteur en ce domaine – lexique suit.

Quant à l’histoire, elle est presque tout entière contée à travers le regard de Goddard (les deux ou trois décrochages de sa perspective sont des maladresses, à mon sens), et de façon tellement cinématographique que c’est à se demander si Williams n’espérait pas voir le roman se transformer en scénario. Goddard, d’ailleurs, est producteur de cinéma. Je n’avais lu de Charles Williams que Fantasia chez les ploucs (The Diamond Bikini, avec le liseron bleu tatoué sur le sein de Miss Harrington), dont j’ai dit ici même, il y a bien longtemps – six ans, ou quasi ! – tout le plaisir que j’avais pris à sa lecture, et Aux Urnes, les ploucs, dont j’ai tout oublié. Je ne connaissais pas sa veine sérieuse. Ce roman maritime, l’avant-dernier avant son suicide sur la mer (ah, eh bien, non, d’après wikipedia, vois-je, c’est une légende. Wikipedia où l’on apprend que l’auteur était, quant à lui, scénariste !), est en tout cas une excellente lecture, de TGV ou d’ailleurs.

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lundi, juin 25 2007

Fantasia chez lez ploucs de Charles Williams

Monument de la littérature burlesque.

Sous le regard naïf de Billy, le jeune narrateur, s'agitent une série de créatures toutes plus caricaturales les unes que les autres :"Pop", le père, frénétique parieur venu se mettre au vert après quelques ennuis avec la justice (qui ont laissé le pauvre Billy la proie des dames patronnesses), l'oncle Sagamore Noonan, traqué sans trêve par le shérif et ses deux adjoints qui le soupçonnent à juste raison de distiller clandestinement - et auxquels il fait subir tout au long du roman les plus réjouissantes avanies, son beau-frère, Finley, ex-prédicateur marron qui vaticine sur son arche branlante , et il y a aussi Miss Harrington, venue soigner son anémie sous la garde sévère du "Docteur" Severance, et qui vêtue de son seul diamond bikini * , un liseron tatoué sur le sein gauche, apprend à Billy à nager dans le lac voisin malgré la présence inquiétante de chasseurs de lapins aux chaussures bicolores armés de mitraillettes.

(* C'est le titre original. Les illustrations de Tardi pour l'édition Folio junior sont épatantes.

La traduction est de Marcel Duhamel, c'est une garantie, sinon d'exactitude, du moins de qualité.) Quant au film, c'est pour moi d'abord un souvenir de perplexité enfantine. Il passait au cinéma du quartier, et le titre, qui me paraissait fort suggestif, ne signifiait rien pour moi (ni "fantasia", ni "ploucs"). Quant à l'affiche, c'était un dessin à la Sempé où l'on voyait, si mes souvenirs sont exacts, Miss Harrington (Mireille Darc) cavaler à l'extrême gauche poursuivie par une farandole de petits personnages frénétiques. En fait c'est un film de Gérard Pirès, (si, le type de Taxi), et il n'est pas si mal adapté que ça, illuminé en outre par la présence de Lino Ventura dans le rôle de Sagamore, de Jean Yanne dans celui de Pop, et de Dufilho dans celui du prédicateur. Quant à Mireille Darc, quoique blonde, et privée de son liseron objet de si poétiques observations de la part de Billy, elle est assez convaincante dans le rôle. (J'ai fini par le regarder, tout récemment, mais n'ai retrouvé ni l'affiche, ni le frisson de mystère de mon enfance.)