Benny Barbash - Monsieur Sapiro

Elle est très jolie, la couverture quadrillée du dernier Benny Barbash, chez Zulma, as usual. Alors, je l’ai acheté, parce que j’avais tellement aimé My First Sony, et un peu moins Little Big Bang, plus désincarné. Eh bien, Monsieur Sapiro…. Le livre a beau être cousu, le papier crémeux et doux - plaisirs visuels et tactiles - le personnage central est tellement antipathique que j’ai eu bien du mal à en venir à bout.

Miki (Mickey ?) est dès les premières lignes du roman installé dans le lobby d’un hôtel de luxe (pour moi un lobby était un groupe de pression. J’ai compris à la lecture qu’ici c’était un hall d’accueil), dos au public y installé, et face à un vaste miroir. Il est venu là, un ouvrage sur les mystères de la réfraction en cours de lecture, pour y attendre un hypothétique nouveau tournant de son destin, tournant qu’il saurait, cette fois, saisir, plutôt que de vieillir, amer, auprès de son épouse Liat, directrice de galerie d’art - laquelle a perdu un sein. Et ce sein manquant est pour Miki une source infinie de réflexions, de frustrations, d’impossibilité à passer de l’indifférence hostile à la tendresse. C’est dans le reflet de ce miroir qu’il voit venir vers lui une bien jolie et désirable serveuse armée d’une ardoise, en quête d’un M. Sapiro.

C’est donc une histoire de faussaires, de reflets, de faux-semblants… c’est très brillamment composé, très érudit. Mais la chair n’y est présente que pour y être, en quelque manière, triturée, torturée, dégradée, entre autres au cours des scènes de baise (Miki dispose dans ce domaine d’un riche lexique de synonymes de préférence orduriers) où les femmes ne sont là que pour endurer la hargne sadique du personnage. Comme si la relation sexuelle était le lieu de l’affirmation d’un pouvoir qui en toute autre circonstance de la vie se muait en impuissance, y compris celle, physique, qui menace le quinquagénaire dont le corps se défait. En gros, l’espace de quelques secondes pendant les quelque trois-cents pages du roman, on lit le monde selon un type sur le retour, que la suite de ses échecs, professionnels, artistiques, personnels a rendu particulièrement aigri et grinçant. Alors, on peut admirer la prouesse littéraire. Mais sans cette excitation de plaisir que donne un livre riche et généreux. Dommage. 

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