Mot-clé - Barbash

Fil des billets - Fil des commentaires

dimanche, octobre 7 2012

Benny Barbash - Monsieur Sapiro

Elle est très jolie, la couverture quadrillée du dernier Benny Barbash, chez Zulma, as usual. Alors, je l’ai acheté, parce que j’avais tellement aimé My First Sony, et un peu moins Little Big Bang, plus désincarné. Eh bien, Monsieur Sapiro…. Le livre a beau être cousu, le papier crémeux et doux - plaisirs visuels et tactiles - le personnage central est tellement antipathique que j’ai eu bien du mal à en venir à bout.

Miki (Mickey ?) est dès les premières lignes du roman installé dans le lobby d’un hôtel de luxe (pour moi un lobby était un groupe de pression. J’ai compris à la lecture qu’ici c’était un hall d’accueil), dos au public y installé, et face à un vaste miroir. Il est venu là, un ouvrage sur les mystères de la réfraction en cours de lecture, pour y attendre un hypothétique nouveau tournant de son destin, tournant qu’il saurait, cette fois, saisir, plutôt que de vieillir, amer, auprès de son épouse Liat, directrice de galerie d’art - laquelle a perdu un sein. Et ce sein manquant est pour Miki une source infinie de réflexions, de frustrations, d’impossibilité à passer de l’indifférence hostile à la tendresse. C’est dans le reflet de ce miroir qu’il voit venir vers lui une bien jolie et désirable serveuse armée d’une ardoise, en quête d’un M. Sapiro.

Lire la suite...

vendredi, avril 1 2011

Benny Barbash - Little Big Bang

Little Big Bang, de Benny Barbash, est un conte philosophique. Une famille juive ancrée dans la conviction qu’Israël est de toute éternité et en toute propriété la terre ancestrale des Juifs, un père de famille un peu enrobé qui développe à la suite d’un régime l’étrange symptôme d’un olivier poussant dans son oreille (je ne crois pas qu’il soit précisé de laquelle il s’agit), tel en est l’argument. C’est amusant, et grave en même temps. Il y a des tas de scènes très enlevées, et satiriques en diable, entre le grand-père astrophysicien qui met tous les événements individuels en perspective avec l’avenir de la terre – toujours catastrophique voire apocalyptique, mais à des échelles de temps gigantesques -, la grand-mère catégorique et puis le père, la mère et les deux enfants, c’est le fils, Assaf, qui est le narrateur. Il y a aussi l’autre grand-mère, qui a fini par céder aux instances de sa fille et fait des « ateliers Shoah » en famille pour éviter à ses petits-enfants d’être porteurs d’une souffrance innommée. Il y a des scènes très théâtrales, et très enlevées – l’auteur est dramaturge et scénariste -, comme celle-ci :

(La mère se réveille heureuse après une nuit conjugale, et découvre alors l’olivier qui a commencé à sortir de l’oreille de son mari.)

‘‘Après avoir chaussé ses lunettes pour vérifier que ce qu’elle avait vu était bel et bien ce qu’elle croyait voir, elle décida de les enlever et de refermer les yeux. Peut-être que tout ce qui s’était produit jusqu’à l’instant où elle avait refermé les yeux n’était qu’un rêve. Un rêve tellement étrange qu’il serait intéressant d’en parler lors de sa prochaine séance. Cette pensée l’encouragea un tant soit peu. Ces derniers temps, ses séances de thérapie avaient souvent été gaspillées en silences, ce qui plaisait peut-être à la thérapeute, qui recevait ses honoraires quoi qu’il arrive, mais nullement à Maman qui la payait à la minute et non au nombre de mots qui sortaient de sa bouche. Payer quatre-cents shekels pour une séance au cours de laquelle maman prononce, disons, dix mots, revient à quarante shekels le mot, ce qui fait vraiment très cher la séance, quand bien même elles discuteraient en latin ou en sanskrit.

Lire la suite...

vendredi, février 25 2011

Benny Barbash - My First Sony

450 pages, plus les 21 pages de lexique - car sachez qu’il y a un lexique AVANT de lire, moi qui ne l’ai découvert qu’à la fin, mais ça n’a aucune importance, puisque je vais le relire incontinent – 450 pages environ donc avalées en deux-trois jours (et la nuit aussi).
Mais de QUOI parles-tu ?  - de « My First Sony », de Benny Barbash, 1994, traduit de l’hébreu, très bien, par Dominique Rotermund, et publié chez Zulma (encore!) en 2008.

Un roman selon mon cœur. Grouillant et foisonnant et tellement sinueux que qui sait où et quand on en est de cette histoire entièrement filtrée par la conscience de Yotam (onze ans à la fin du roman), qui est gros, de plus en plus gros et flasque, et enregistre TOUT ce qu’il peut enregistrer de la vie et des conversations de sa vaste, bruyante, colérique, et envahissante, et incohérente famille juive sur son magnétophone Sony, le deuxième - le premier ayant été détruit un jour de fureur par son père.

Le mode narratif de ce roman m’a instantanément évoqué la façon dont Daniel Mendelsohn évoque celui pratiqué par son grand-père, dans Les Disparus, texte que j’ai déjà cité au moment où je l’ai chroniqué, et que je reproduis ici à nouveau tellement ça correspond  à mon impression de lecture :


Lire la suite...