« 'Les Coquillages' ! Quel bijou que le dernier vers ! »
Par Agnès Orosco le lundi, janvier 30 2012, 20:59 - Littératures française et francophones - Lien permanent
Les Coquillages
Chaque coquillage incrusté
Dans la grotte où nous nous aimâmes
A sa particularité.L'un a la pourpre de nos âmes
Dérobée au sang de nos cœurs
Quand je brûle et que tu t'enflammes ;Cet autre affecte tes langueurs
Et tes pâleurs alors que, lasse,
Tu m'en veux de mes yeux moqueurs ;Celui -ci contrefait la grâce
De ton oreille, et celui-là
Ta nuque rose, courte et grasse ;Mais un, entre autres, me troubla.
Verlaine – Les Fêtes galantes, 9
Petite merveille de poème érotique, avec une ellipse à peine suggérée en son centre. Savourer la construction en guirlande des rimes, et la chute. Le commentaire qui me sert de titre est un hommage du grand Victor soi-même, et l’illustration, Nature morte à la baigneuse, un dessin de Louis Thibaudet (XXe), conservé au Musée des Ursulines de Mâcon.