Déon Meyer - Lemmer l'invisible,

très mauvais titre (pour traduire un mot africaans « Onsigbaar »), qui ne me donnait aucune envie de le lire, d'autant moins que j’avais décidé que j’en avais assez de l’atmosphère entre enfer et apocalypse qui règne dans les thrillers. Et puis je me suis laissée prendre : parce que mon fils est fan, parce que Déon Meyer connaît son métier, et que c’est fichtrement bien construit, bien écrit, avec juste ce qu’il faut d’exotisme pour que le lecteur (la lectrice) à la vie paisible, confortablement installé(e) sur son canapé ou dans son siège de TGV (privilège rare par les temps qui courent) ait l’impression de pénétrer quelques-uns des arcanes de la vie de garde du corps, dans le monde ultra-dangereux sur le plan politique comme naturel de l’Afrique du Sud.
Bref Martin Fitzroy Lemmer est donc garde du corps, sans arme, parce qu’il est en liberté conditionnelle après quatre ans de prison.

Et sa nouvelle mission est de veiller sur une jeune femme, la trentaine, garçonnière, jolie et apparemment généreuse, orpheline de toute famille – parents morts et frère disparu, autour duquel tourne sa quête, tandis qu’autour d’elle rôdent toujours plus menaçants d’inquiétants assassins cagoulés. Elle s’appelle Emma Le Roux et elle a cru voir ressurgir après vingt ans ce frère disparu, Jacobus, dans un reportage télévisé sur des faits de banditisme écologique. L’enquête devient une sorte de « road novel ».
Menaces immobilières, espionnage et coups tordus, activistes écologistes exaltés … tels sont les éléments qui vont conduire Emma aux portes de la mort, et rendre Lemmer à lui-même après une douloureuse et violente traversée du désert.
On peut regretter quelques ficelles et/ou chevilles. On peut déplorer qu’Emma s’évapore vraiment trop dans la seconde partie du texte, ou le recours à des « dei » ex machina. Il n’empêche que le roman mêle avec talent personnages vigoureusement campés, destins individuels et Histoire d’aujourd’hui et d’autrefois ; on a le sentiment d’en sortir un peu plus perspicace et documenté(e) – sur l’adrénaline, les vautours, les guerres tribales, les rapports entre peuples et entre langues, et les alliances entre l’Afrique du Sud et Israël. Entre autres. Tendu(e) aussi, et pourtant, c’est une excellente lecture de détente.

Quelques éléments de décor sur le site de l’auteur (en africaans, pour ceux qui maîtrisent…)  

 

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet