Le Reste est silence - Carla Guelfenbein

C’est curieux comme parfois après une sorte de traversée du désert les livres viennent à nous (comme les gens). Non que ma crise de Balzac ait été inféconde, ni qu’elle soit terminée, mais Balzac, c’était il y a 150 ans et il ne faisait pas dans le dépouillement. Mais là, après Agus et Loe, je viens de lire coup sur coup deux beaux livres que l’on m’a offerts. Le premier, Ru, j’en parlerai après, puisque je suis ce matin sous le choc, et les larmes, de la lecture de Le Reste est silence de Carla Guelfenbein. Encore une de ces couvertures Actes Sud magnifiques, une curieuse photo où, sur une mer gris-bleu étale à peine griffée de frissons, fondue à l’horizon dans un ciel orageux, une silhouette d’enfant posée sur une barque semble contempler… un rocher ? un énorme quartier de lune tombé là comme un aileron lisse et minéral ou comme une voile luminescente étrangement détachée de la coque, et qui se reflète dans les eaux.

Le Reste est silence est un de ces romans d’où l’on ne peut pas s’arracher, polyphonie de voix, labyrinthe cabalistique, symboles, alphabet de signes pour les sourds, dessins d’enfant comme des graffitis incertains… il y a d’abord Tommy, enfant de 12 ans dans un corps de 8, le cœur malade, le MP3 toujours branché pour capturer les voix des adultes ou la sienne propre. Sa longue méditation autour de sa mère morte (Soledad), de son père silencieux, de sa belle-mère Alma, rousse et vive, attentive et tendre, proche et insaisissable elle aussi.

Trois voix donc : Tommy, Juan son père, et Alma. Et un lent cheminement dans l’incertitude et la douleur, éclairées par à-coups de menus éclats de joie. J’en suis sortie en larmes, mais sans désespoir. Rassérénée et reconnaissante.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet