La Vendetta - Histoire corse en plein Paris

Une de ces nouvelles assez brèves que l’on peut trouver en édition séparée. Le début en est très réussi.

Première scène, en forme de prologue. En 1800, le premier consul accorde son silence et de quoi vivre à son ami Bartolomeo di Piombo, venu à Paris sans un sou après avoir exterminé par vendetta les sept membres de la famille rivale des Porta. Avec lui, sa femme et sa petite fille de neuf ou dix ans.

Scène II : quinze ans plus tard, dans l’atelier du peintre Servin, qui tient une école de peinture pour les jeunes filles de la bonne société. Deux clans s’y affrontent à bas bruit : les ultras, entraînées par une de nos connaissances, alors toute jeune, Amélie Thirion, fille d’un huissier de Louis XVIII et future épouse intrigante du juge Camusot, et les libérales, issues de milieux plus roturiers. Parmi elles, hautaine, lointaine et génialement douée, Ginevra di Piombo, devenue une très belle jeune femme. Le tableau de cette ruche de jeunes artistes est particulièrement vivant et expressif : portraits, scènes de genre, Balzac peintre s’y est surpassé. Mais voilà que Ginevra, bientôt démasquée par la malveillante Amélie, a découvert que son maître cachait un proscrit (l’action se déroule juste après les cent jours), très beau jeune homme dont elle s’éprend.
Scène III : La présentation aux parents. C’est là que l’on entre dans la tragédie, ou le mélodrame, c’est selon. Le père, qui voue à sa fille, élevée dans la plus grande indépendance, un amour excessif, exclusif et presque incestueux, reçoit très mal le jeune homme, d’autant plus mal que… je n’en dirai pas plus. La suite, et la fin, sont terriblement mélodramatiques. Beaucoup moins efficaces, dans le genre corse, que le Mateo Falcone de Mérimée, antérieur d’une année (1829), suffocante histoire d’honneur dont j’ai pu, à maintes reprises, tester l’effet – intact - sur des jeunes gens d’aujourd’hui. La Vendetta est une histoire macabre, excessive, romantique en diable. C’est aussi une de celles (1830), qui marquent l’entrée de la couleur locale corse, et de son lexique (vendetta, maquis) dans la langue française. Mais si Ginevra di Piombo est au début de la nouvelle une intéressante figure de jeune femme libre, elle perd dans le malheur et le pathos une partie de son génie et de son style.

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