Pan de Knut Hamsun (1894)

"Une chenille verte, une arpenteuse, chemine, en faisant le gros dos, le long d’une branche, chemine sans arrêt, comme si elle ne pouvait se reposer. Elle ne voit presque rien, bien qu’elle ait des yeux, souvent elle s’arrête, dressée verticalement, et tâtonne dans l’air à la recherche d’un point d’appui ; elle a l’air d’un bout de fil vert qui pique une couture le long d’une branche, à points lents. Ce soir, elle sera peut-être arrivée à l’endroit où elle doit aller."

C’est Pan, de Knut Hamsun, un mince roman, une absolue merveille. Un poème en prose. Le genre de texte qui donne envie de lire la langue d’origine (le norvégien) pour en entendre la musique.

Le lieutenant Glahn écrit pour tromper ses pensées, deux ans après l’été qui a donné sens et désordre à sa vie. Il raconte – au présent le plus souvent - son séjour d’homme des bois dans une hutte du Nordland, qu’il a chaudement équipée de peaux et de fourrures, et où il vit, dans l’intimité intense de la nature, chassant et pêchant avec son chien Esope. L’éveil de l’été est aussi celui d’une sensualité ardente et violente, qui correspond avec la rencontre de la jeune, fantasque, et malapprise Edvarda, qui le bouleverse de tendresse et d’incompréhension. Quelques personnages autour d’elle, esquissés ou dessinés selon les besoins, comme celui du docteur boiteux qui tente de dompter la jeune fille et du baron érudit dont le titre séduit son père, et la douce Eva, et la bergère Henriette, et Iseline et Diderick de la légende. L’amour exalté d’une femme, des femmes, de la nature, de l’univers. Et la souffrance, exprimée par quelques gestes, quelques paroles.

C’est à la fois sobre et lyrique, sombre et solaire. Un texte magnifique.
http://www.hamsun.dk/fr/hamsun_biografi.html

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