Littérature et "folie"

L'enfant bleu, d’Henry Bauchau (Actes Sud, 2004). Un pavé. Beaucoup trop long, je pense. Mais écrit par un homme de 90 ans, ça mérite le respect devant l'entreprise. Ce n'est pas un témoignage, cela s'affiche comme un roman. Et il y a quelque chose de prenant dans ce récit, - puisque j'en ai mené à bien la lecture, 350 pages -, dans le rapport qui s'instaure entre Orion, un enfant "bazardifié", psychotique et doué pour les arts plastiques, et une thérapeute attentive, blessée et hors de tout académisme. Leurs vies se mêlent et s'ouvrent respectivement à la découverte de l'autre, de soi-même, et de l'art. Des arts - peinture, dessin, musique, poésie, gravure. Le problème, c'est d'abord le fil des séances avec leurs rituels, leurs dictées d'angoisse, les progrès et les régressions et le récit au fil de la cure de tous ses avatars, qui a parfois quelque chose de fastidieux, et aussi de forcément artificiel. Et puis tout ce qu'il y a autour. Les personnages annexes, plus proches de l'allégorie que d'êtres de chair et de sang - il y a des dialogues de la vie quotidienne qui frisent le ridicule – et qui mettent en évidence ce qu'il y a de démonstratif dans ce texte. Belle démonstration au demeurant, qui met en avant la vitalité du peuple du désastre, et un parcours d'environ quinze années, pour amener un être blessé à s'assumer comme lui-même avec ses ruines mais aussi son génie, dans l'échange.
La question est celle de la forme. On est à mi-chemin entre analyse narrée, récits d'un thérapeute et roman. Ordre d'une narration traditionnelle, et béances de la folie. Et ça, ce n'est pas réussi.
Le personnage vaut la peine qu'on s'y intéresse...

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