dimanche, mars 22 2015

Pierre Siniac - Femmes Blafardes

Femmes Blafardes, un roman de Pierre Siniac, première édition Fayard Noir 1981, réédité chez Rivages/Noir en 1997.

J’ai dû lire quelques « noirs » ces derniers temps, pour cause de journée d’étude sur la question. Entre autres le passionnant parce que tellement passionné et érudit Du Polar, entretiens de François Guérif, qui est justement le directeur de Rivages/ Noir, avec le journaliste Philippe Blanchet[1]. Le Guérif, et le Siniac, dont j’ai justement découvert le nom, l’existence et même la photo – grosses lunettes carrées, vaste front, raie sur le côté -  dans le Guérif, tous deux prêtés par un Sylvain emballé.

Femmes Blafardes, titre en somme bizarre, parce que les femmes de ce roman ne le sont guère, bien plutôt hautes en couleurs, entre la guirlande de prostituées du claque de Mme Augustine Balbaupoul, sous la houlette de la somptueuse Colette dite « la Panthère », pute syndiquée qui reçoit chaque jeudi un notable inscrit depuis des semaines sur la liste d’attente, et les autres, la jolie Finette ardemment désirée par l’assureur timide aux oreilles en feuille de chou – Urbain Petitbosquet - et  par le clochard Mésange, les Cantoiseau mère et fille, obèses et gourmandes, et encore la voyante « Emilienne de Chamboise, sciences occultes, astrologie, tarots et procédés divinatoires, en semaine et sur r-v, sauf le jeudi ». Le jeudi, justement, jour, ou plutôt nuit, du crime. Huit jeunes femmes rectifiées entre le 25 octobre et le 24 janvier, à raison d’une par semaine (avec une pause). C’est bien plutôt le « bled froid et triste » qui sert de décor à cette histoire, un petit bourg sinistre sis quelque part dans l’imaginaire de l’auteur entre Cholet, Nantes et La Roche-sur-Yon, que l’on peut qualifier, avec ses brouillards nocturnes et sa « pluie brouillasseuse et transperçante », de blafard.

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