lundi, juillet 11 2011

Richard Price - Le Samaritain

Des quartiers dégradés, rongés, effilochés par ce que la misère, l’idéologie, la technocratie ont fait d’eux au fil des décennies, des familles, appesanties et disloquées par des générations de dèche, de débrouille et de dépendance, des individus, entre destruction et construction, entre déprime et liberté.

Tel est le fond, gris sale au dehors, très noir au-dedans, sur lequel s’établit, s’emboîte l’intrigue du Samaritain, de Richard Price. Construit, sur un mode cinématographique, en brefs chapitres éclatés (mais toujours raccord, Ray est scénariste) passé /présent de janvier à mars d’une année au décor incertain, entre la zone de Dempsy, New Jersey, où a grandi Ray Mitchell, New York City, et une maison du quartier de Little Venice, au bord de l’Hudson, où il vit désormais - eau, ciels, vaste paysage urbain inachevé, statue de la liberté érigée, solitaire.

Il y a quatre familles, qui gravitent autour de quatre individus : pour le passé, Ray et Nerese alias Tweetie, liés depuis l’enfance par une dette de reconnaissance. C’est la première histoire que conte Ray à sa fille Ruby. Pour le présent Ruby, la fille adolescente de Ray, Salim, son ancien élève entre talent et dérive, et Danielle, la fille de Carla, liés eux aussi à lui par une dette de reconnaissance. Car Ray est un Don Quichotte insatiable, effréné, compulsif. Bourrelé de remords plus ou moins explicites et éperdument porté à secourir la veuve et l’orphelin, sur fond de dèche, de drogue, de violences raciales.

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