Je viens de lire, d’une traite, L’Equilibre du monde, de Rohington Mistry, auteur canadien d’origine indienne. Près de 700 pages grand format, avalées entre hier et aujourd’hui. Et, je ne peux m’empêcher de le dire d’emblée, je termine ce roman tout imprégnée de tristesse, alors même que j’ai souri voire franchement ri aux moments les plus éclatants de l’histoire. Mais mon rire n’a pu surmonter tant d’horreur, de malchance et de douleur. À travers l’histoire des quatre personnages principaux, la belle veuve solitaire Dina, l’étudiant en réfrigération Maneck, et les deux tailleurs intouchables Ishvar et son neveu Omprakash dit Om, tous réunis au cœur du roman dans le modeste appartement de Dina, c’est tout un pan de l’histoire de l’Inde qui est conté, une sanglante histoire de crimes, de ténèbres et de corruption. Et tout ce que l’on pouvait avoir appris de façon théorique en classe sur cette part de l’histoire du XXe siècle, ou même vu en images documentaires ou de fiction, acquiert à travers les personnages une dimension de cruauté parfois insupportable, au point de m’avoir fait par moments interrompre ma lecture, le temps de respirer, de me préparer à la prochaine catastrophe. Il y a indéniablement une dimension mélodramatique dans les avalanches de malheurs qui ne cessent de frapper les malchanceux et misérables héros de l’histoire, et dans la façon dont les fils et les personnages se retrouvent et s’entrecroisent. Mais l’épigraphe, apostrophe au lecteur (au *narrataire ! souvenir d’oral…) empruntée aux premières lignes du Père Goriot (Ah ! Sachez-le : ce drame n'est ni une fiction, ni un roman. All is true.), place le roman sous le signe du réalisme et du désir de rendre compte du grouillement et de la complexité du monde.
mercredi, août 8 2012
Rohington Mistry - L’Equilibre du monde
Par Agnès Orosco le mercredi, août 8 2012, 18:09 - Pavés