mercredi, mai 12 2010

Recherche, suite

Contrairement à ce qu'un lecteur naïf pourrait croire, et même si les choses s'améliorent, le moteur de recherche ne marche toujours pas(1) : si je tape Harper Lee (auteur du génial Ne Tirez pas sur l'oiseau moqueur chroniqué l'année de l'ouverture du blog), la recherche ne donne rien. Or il y a un billet, du 7 août 2007. Et si je tape Balzac, il y a HUIT réponses, alors qu'il doit y avoir au moins vingt billets. Las, je n'ai pas le temps de chercher le pourquoi du comment, mais tout ceci est fort irritant, d'autant plus que je n'ai pas lu une ligne de roman depuis quelques lustres... Tant pis. Le joli mai s'ouvre maussade.

(1) : Le problème, comme en témoignent les liens, a depuis été résolu...

mardi, août 7 2007

Il y a des livres radieux

Ne Tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee (To Kill a mocking bird).

C'est un merveilleux bouquin, littéralement irradié d'enfance. La chronique, à hauteur de petite fille (6 ans au début du livre) d'une petite ville sudiste - deux rues poussiéreuses de Maycomb, petite ville endormie dans ses traditions et ses rituels, et la place du tribunal - en Alabama, années 30. Les trois personnages principaux - mais tous les personnages sont fermement dessinés - sont les deux enfants et leur père veuf, Atticus Finch, avocat vieillissant, homme intègre et attentif, qui accepte en cours de roman de défendre un noir accusé à tort de viol par une blanche.
Mais le roman est d'abord hanté par la présence invisible et inquiétante de Boo Radley, le voisin cloîtré depuis des années par son père puis son frère aîné, sorte de mauvais (?) génie qui obsède les ragots locaux et l'imagination et les jeux des enfants Finch et de leur ami de vacances, le petit Dill à la fantaisie débridée - personnage inspiré à l'auteur par Truman Capote, dont elle était en effet l'amie d'enfance.
Ni manichéisme ni militantisme dans ce texte, un regard profondément, et subtilement humain, avec une drôlerie sous-jacente qui confère au roman une légèreté à la fois élégante et profonde. Absolument délectable, et en livre de poche dans une traduction refondue, avec une magnifique photo de Dorothea Lange, la photographe des « années amères » de la Grande Dépression ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Dorothea_Lange ) sur la couverture.

J’ai du coup incontinent commandé et regardé (en français scrongneugneu, honnis soient mes proches anglophobes... mais ça n'est que partie remise) l’adaptation cinématographique, Du Silence et des ombres (titre français, le titre anglais est celui du roman), film de Robert Mulligan, 1962, avec Gregory Peck, oscarisé pour le rôle d’ Atticus Finch. C'est bien, mais tellement moins riche que le roman ! Beau film honorable, mais plus centré sur Atticus que sur Scout (la petite fille), et la saveur, la mystère, la confusion et l'exigence de l'enfance y perdent beaucoup. http://fr.wikipedia.org/wiki/Du_Silence_et_des_Ombres .

Au demeurant indéniablement fidèle au roman, mais inévitablement tronqué. Par exemple, la terrifiante scène finale est amputée à la fois de l'épisode burlesque qui la précède (le sommeil de Scout-jambon au moment où elle doit défiler), et de la subtilité des sensations physiques qui la constituent (bruits et toucher, par exemple l'importance des pieds nus de Scout et le récit de l'attaque perçue uniquement à travers les sons...)

Je l'ai commandé juste après ma lecture. Il manque aussi la galerie de personnages annexes, l'insupportable commère, la rayonnante Miss Maudie Atkinson, la vieille sorcière sudiste, la tante Alexandra etc... Ce qui fait que seul le lecteur peut goûter l'omniprésence de la salopette de Scout, par exemple.

Il semblerait que ce roman connaisse un renouveau de faveur à la suite des deux films sur T. Capote. Pour moi qui l'avais ignoré jusqu'ici (30 millions d'exemplaires vendus dans le monde, tout de même, et c'est le SEUL roman publié par l'auteur) c'est une découverte majeure. Un grand texte, profond, humaniste, et juste.