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dimanche, septembre 2 2012

La voix de Serge Joncour

Serge Joncour, c’est d’abord une voix. Et même une voix et une diction : une voix un peu voilée, un peu blanche, avec des aigus gouailleurs, une diction bègue, trébuchante, ponctuée de silences brefs, et des salves de pitreries verbales irrésistibles. C’est une star des Papous, Joncour. Aux publiques, il fait rire les salles aux éclats. La première fois où je l’ai vu, c’était à la SCAM, pour un hommage à Bertrand Jérôme, avec Bertrand et ses copains papous. Un immense type rouquin, plus ou moins rasé, l’air d’un Flamand (le peuple, pas l’oiseau), dépliant sa haute et gauche stature en même temps qu’Hélène Delavault, autre grande rouquine, pour aller lire son texte. Aux Papous, l’une de ses spécialités, c’est Les Grands airs des aires de repos, un jeu d’étymologie loufoque des aires d’autoroute, suivi d’une chanson. Et le jour des funérailles de Bertrand, il a lu un texte chaleureux dont je me souviens qu’il traitait de l’aire de repos « Repos ». Avec ses airs de ne pas être là, ou d’idiot à la Bourvil, il a quelque chose de profondément amical. Je l’aime beaucoup, et pourtant, je n’ai jamais lu aucun de ses livres. J’avais commencé Combien de fois je t’aime, un recueil de nouvelles qui me plaisaient bien, et puis il s’est égaré en voyage, et je ne l’ai ni repris ni retrouvé.

Et voilà qu’il est passé chez Rebecca Manzoni  ce matin (MERCI ! quelle bonne idée!), à l’occasion de son nouveau roman, L’Amour sans le faire, et de la sortie de Superstar, le film inspiré de son roman L’Idole, qui est sélectionné pour la Mostra de Venise - ce qui lui posait un problème de costume (comme je le comprends !). C’est drôle, ils n’ont pas parlé des Papous. Mais de lit à faire le matin et de Marguerite Duras, de Dewaere, de Ricoré, des enfants et des adultes, et de la bonne position pour écrire, question éminemment papoue. Du métier d’écrivain, avec ses poussées d’inspiration et le long labeur qui les relie. Des voix que l’on entend en soi pour ses personnages. Ça m’a donné envie de retrouver mon petit recueil, et d’essayer L’Amour sans le faire. Les deux titres s’emboîtent, et tous deux sont réussis. Et au moins, ça me fera aborder la « rentrée littéraire » en territoire ami.

En haut : L'hommage de Patrick Gromy pour les vingt ans des Papous en 2004.
En bas : Les Papous au salut, au Quai des Rêves de Lamballe en novembre 2011, photo ©Raphaëlle Rivière pour Radio France, prise sur le site des Papous. S. J. c'est le grand barbu tout de traviole, à côté de Françoise Treussart.