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jeudi, novembre 1 2012

Alexandre Astier - "Que ma joie demeure", ou Jean-Sébastien Bach version bidasse

Je ne sais plus quelle émission*  m’avait donné l’envie de voir Alexandre Astier en son dernier spectacle. Je l’avais trouvé intéressant, et sympathique. Ignorant tout de ce bouillonnant jeune homme dont certains de mes élèves prisaient fort la série Kaamelot, j’ai vu là l’occasion de découvrir son univers, en compagnie de Soizic, très enthousiaste. (*Sans doute n’était-ce pas Eclectik, que je suis en train de réécouter avec agacement).

Je n’ai rien compris à ce spectacle. Ni la démarche de l’auteur-acteur, ni les rires permanents de la salle. Alexandre Astier, vêtu XVIIIe d’une sorte de redingote bourgeoise, avec jabot et chaussures à talons, plus perruque épisodique, revendique devant son clavecin - dont il joue avec talent voire avec brio, comme aussi de la viole de gambe - une forme d’exactitude historique dans le costume et le décor. En revanche, il récuse toute légitimité des dialogues « historiques », dont il considère qu’ils font parler les personnages comme des livres. A cette recherche dans le décor et le costume répond donc un dialogue – un monologue – dans le français contemporain le plus relâché. Passons sur le « Chiotte ! » qui ouvre la pièce (écho du « Merdre ! » d’Ubu ?) et manifeste l’irritation de Bach de se voir imposer une « journée portes ouvertes » avec cours public de musique par les autorités de Leipzig, alors qu’il a d’autres chats à fouetter, mais quid de la suite ? Mais pourquoi un Bach continuellement vulgaire (truculent n’est pas vulgaire), et surtout méprisant au possible avec son public ? Si la correspondance du musicien témoigne de son irritation face à la pingrerie et à la stupidité de ses employeurs, si elle  mentionne la nullité de certains des élèves qui lui étaient infligés, elle est écrite dans une langue pour le moins châtiée, et pour être cassante, elle n’en est ni grossière, ni arrogante. Comme on le comprend au fil du spectacle – qui d’ailleurs comporte quelques longueurs – Bach est tourmenté par ses soucis professionnels, familiaux, ses enfants en bas âge et tous ses enfants morts. Il en résulte une tristesse – une mélancolie ? – vers la compréhension de laquelle le spectacle chemine, et qui en explique le titre.

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