Mot-clé - Fruttero et Lucentini

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mardi, janvier 24 2012

Addio Fruttero

      Triste nouvelle découverte en vagabondant sur la toile, via le site québécois Le Libraire, et que voici à sa source sur Livres hebdo : Carlo Fruttero, du duo (devenu solo en 2002) Fruttero et Lucentini, (j'ai chroniqué ici le bonheur de lecture (et de traduction) qu'avait été La Femme du dimanche - et j'apprends par la même occasion qu'il en existe une version filmique de Comencini, avec Mastroianni dans le rôle du commissaire et Jacqueline Bisset dans celui de l'exquise Anna Carla, merveilleuse idée de casting! - et je n'en ai jamais chroniqué L'Amant sans domicile fixe, pourtant un authentique bijou) Carlo Fruttero donc est allé rejoindre son alter ego parmi les ombres des humoristes désenchantés. Je les vois encore, caustiques et élégamment dégoûtés, affrontés à une ex-maîtresse de Sartre reconvertie dans le yoga et le souvenir pseudo-littéraire, à une émission d'Apostrophes, où ils avaient été invités pour la parution d'un florilège de leurs chroniques dans La Stampa, plaisamment titré La Prédominance du crétin. L'une d'entre elles brocardait, sous le titre du Blouson de M. Sartre, la tartuferie du grand homme. La scène était exquisément divertissante.

                                  R.I.P.

jeudi, mai 24 2007

Pour être écrit, c’est écrit, "La Femme du dimanche" *

Que je viens de relire, après l'avoir racheté, puisqu'il avait disparu (très laide couverture, chez Points seuil, où vont-ils chercher leurs maquettistes ? et qui ne colle en rien avec le roman).

Qui dira le plaisir de relire? J'avais totalement oublié qui était l'assassin. Mais il me restait une atmosphère, intacte, un style, inimitable, à la fois complice et "suspendu", l'allusion, le "hint'", distillés comme un des beaux-arts (*il y a un américaniste inénarrable de médiocrité dans l'histoire).
Délicieusement égaré, le lecteur suit à travers les rues de Turin et les bosquets des collines environnantes - des avenues sinistres au Balùn, le marché aux puces - une guirlande de personnages disparates réunis par leur intimité avec la ville : aristocrates ou grands bourgeois ineffablement bien élevés, évêque érudit, petits employés, virago exaspérée par la dégradation des mœurs…et le commissaire Santamaria, si correct quoique méridio, et l'exquise Anna Carla pleine de grâce.
De Fruttero et Lucentini, traduction ciselée par Philippe Jaccottet. Un régal.