J’attendais ce livre qui, avec son affectueuse dédicace, est venu à moi dans ma boîte-aux-lettres, avant-hier ou mardi. C’est le second livre publié par Andrée Ferrier - que j’ai déjà saluée ici - à l’âge de 98 ans. Elle a été, au lycée Montgrand où j’ai fait mes classes de la 6ème à la 1ère, mon professeur de français et de latin, en 4ème, et en 1ère justement. La révélation, à travers elle, de ce que pouvait être la passion de la littérature, de la lecture à tous les sens du terme, lecture incarnée par les voix, lecture critique, interprétative. Que d’auteurs nous avons croisés, mes camarades « de toutes origines sociales » et moi, dès cette année de 4ème, Balzac, ou Rimbaud, ou Giono, ou Milosz, ou Brecht, ou Molière, ou Corneille, et Rousseau encore, ou Louis Bouilhet… j’aimais déjà le français, j’aimais lire à la passion, mais cette année-là, il y a eu autre chose, ce feu communicatif qui électrise une classe entière, et qui, je pense, me porte encore.
Qui porte aussi nos trop rares conversations, lorsque je la retrouve sur sa terrasse d’Allauch ou dans sa bibliothèque peuplée de livres, des encres de son mari, Henri, des souvenirs de leurs voyages à travers le monde. Assises dans nos fauteuils, nous évoquons nos lectures et nos découvertes, et c’est un bonheur.