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mardi, octobre 30 2012

Patrick Chamoiseau - Antan d'Enfance

J’ai lu, aussi, la semaine dernière, dans la même collection « Haute Enfance » chez Gallimard, Antan d’Enfance, de Patrick Chamoiseau. C’était la première fois que je lisais un texte de cet auteur au nom poétique et chatoyant, et qui depuis longtemps, me faisait signe. Les extraits que j’en ai tapés font un écho singulier à la lecture – postérieure – du roman d’Alexakis. La langue est belle et charnue, avec cette étrangeté à la lecture de ne pas tout reconnaître dans les vocables parfois inassignables ou insaisissables de ce français d’ailleurs, lyrique, inventif, suggestif. En voici quelques extraits :

La maison de l’enfance, cœur battant de tous les souvenirs :

« O mes frères, vous savez cette maison que je ne pourrais décrire, sa noblesse diffuse, sa mémoire de poussière. De la rue, elle semblait un taudis. Elle signifiait la misère grise du bois dans un Fort-de-France qui commençait à se bétonner les paupières. Mais pour nous elle fut un vaste palais, aux ressources sans saisons, un couloir infini, un escalier peuplé de vies comme une niche de crépuscules, une cour, des cuisines, des bassins, des toits de tôles rouillées où nous découvrîmes le monde en de secrètes magnificences. Située au mitan de la ville, elle nous filtrait la ville. Elle savait allier les lumières et les ombres, les mystères et les évidences. La tiédeur de son ancienne sève s’exhalait parfois dans le silence des jours de messe. Elle porte encore nos griffes et nos graffitis, elle a nos ombres dans ses ombres, et me murmure encore (mais des choses maintenant incompréhensibles) quand j’y pénètre parfois. »

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