Encore un roman - offert gratuitement par Folio pour l’achat de deux autres volumes - d’autant plus irritant que je le lis pendant des vacances peu actives en ce domaine. Je n’irai pas jusqu’à la fin, tout m’y agace, du style à la façon de mener l’intrigue, et d’ailleurs j’ai déjà lu la fin, sur laquelle une quatrième de couverture racoleuse attire l’attention comme pour inviter précisément à enfreindre l’interdiction de la lire d’emblée. C’est La Moustache d’Emmanuel Carrère, livre dont j’ai mainte fois entendu l’éloge, et auteur célébré s’il en est, y compris par des proches ou moins proches, lecteurs avertis pour lesquels j’ai de l’estime.
Je ne pense pas que ma gêne vienne du prénom de l’héroïne ou plutôt de la femme du héros, Agnès, à laquelle rien sinon précisément cette communauté de prénom ne m’invite à m’identifier. Non, dès les premières pages, je n’ai pas marché : parce que c’est invraisemblable et bancal, cette histoire de type dont la moustache rasée ne saute aux yeux de personne. S’il la portait depuis dix ans, il avait forcément une pièce d’identité qui en attestait, et c’est je crois, avec les photos, la première chose à laquelle il aurait dû penser. L’attitude d’Agnès, à mi-chemin entre inquiétude et mystification, manque elle aussi de cohérence. En outre, j’ai du mal à imaginer que l’on puisse ne pas avoir, face à un homme qui a rasé sa moustache, de souvenir sensible de son contact. Un baiser à moustache n’est pas un baiser glabre, et induit forcément la perception sensible de son absence.