Ludmilla Oulitskaïa - De Joyeuses funérailles

C’est un livre grouillant et joyeux, où dans la touffeur de New York, été 1991, meurt, gagné par une paralysie progressive de tous ses membres et de toutes ses fonctions, dans son vaste atelier meublé de bric et de broc, le peintre Alik entouré de ses femmes toutes plus dénudées les unes que les autres, et de ses amis. Il y a sa légitime, la blonde Nina évaporée et alcoolique qui a entrepris de le convertir in extremis à l’orthodoxie pour que puissent agir les potions ésotériques de Maria Ignatievna, et puis Valentina à la vaste poitrine, et Irina l’ex-acrobate devenue avocate d’affaire, et encore la fille de cette dernière, Maïka dite T. Shirt, adolescente quasi mutique revenue à la vie grâce à sa rencontre avec Alik. Les scènes au présent se mêlent à des flashes back, entre Russie et USA. Au chevet d’Alik, en ce samedi 17 août 1991 (la date se déduit du Putsch de Moscou évoqué juste après) se rencontrent le naïf et sincère père Victor et le Rabbi Ménaché, qui poursuivront dans le joyeux capharnaüm de l’atelier un débat philosophico-religieux autour de verres en carton de vodka, et parmi tous ces Russes déracinés, une ribambelle de spécimens, blancs, noirs ou cuivrés, des exilés récents ou plus anciens qui peuplent l’Amérique. Une joyeuse bohème porteuse de vie et d’espoir, au-delà de la mort.

Ça se lit bien, malgré la cascade des noms dans laquelle une lecture ensommeillée peut s’égarer. Malgré aussi, mêlées trop souvent aux scènes dialoguées, des sortes de résumés narratifs qui suturent le récit et situent les personnages - trop explicatifs, mal insérés. Malgré enfin, une traduction parfois maladroite, voire, çà et là, fautive. Le texte original est en russe. C’est, malgré ces quelques réserves, un éloge de la vitalité, de la débrouille, de l’amour et de la créativité. D'un très cosmopolite souffle russe, d’un continent à l’autre.

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