Une heure de moins, un livre de plus : L'Oiseau canadèche

La cloche du temple se tait.
Mais le son continue
A sortir des fleurs.

Bashô

Ça, c’est l’épigraphe. S’ensuivent à peu près quatre-vingt-dix (petites) pages où l’on voit vivre en toute plénitude Jake, le grand-père distillateur émérite du Râle d’agonie, whisky dispensateur d’immortalité, son petit-fils Titou, géant paisible voué à l’érection de clôtures parfaites sur l’étendue de leur vaste propriété californienne qui n’abrite pas un seul mouton, et Canadèche, la cane géante dont je ne dirai rien de plus, car, en ce dimanche le plus affreux de l’année, celui où l’on nous prive d’une heure de printemps (pour nous rendre une heure d’automne, arnaque), le seul moyen rationnel d’affronter la frustration est d’en soustraire une heure encore pour avaler ce bref roman – novella disent les Anglo-saxons – illuminé de  fantaisie anar’. C’anar’d. ;-( 

La postface de Nicolas Richard, ni pédagogique ni démonstrative, mais fertile et poétique, est parfaite.

N.B. : L'auteur est Jim Dodge, et le titre américain est Fup (1983).

Commentaires

1. Le lundi, mars 28 2011, 09:41 par Dominique

petit bonheur de lecture, de ceux que l'on refile aux amis, que l'on offre et que l'on relit avec plaisir qq années après.
j'ai comme ça un petit livre de françoise Xénakis sur son expérience de randonnée en kayak derrière son époux de mari, grinçant et drôle "moi j'aime pas la mer" le type de livre à lire ou relire quand le moral est au plus bas. salutaire.

2. Le mercredi, février 8 2012, 12:22 par Wanda-Lou Zy

Vous savez quoi ? A peine fini, j'avais envie de le relire. Le temps m'a manqué jusqu'ici, mais je le garde à portée de vue, cet oiseau canadèche.
Un style épuré et implacable. C'est chouette, pour faire dans la métaphore aviaire !

3. Le mardi, avril 24 2012, 16:34 par Anne d'Evry

Merci Agnès pour ce délicieux moment avec "l'Oiseau Canadèche".
« Elle avait dix-sept ans ; elle s’appelait Gabrielle Santee ; elle était enceinte de trois mois quand elle se maria avec Johnny Makhurst, dit le Supersonique. Lui était pilote d’essai chez Boeing et venait de faire un héritage ; il lui était échu la modeste fortune d’un quincailler de l’Etat d’Ohio.
Le mariage eut lieu sur le terrain d’aviation de Maffit, dans un hangar festonné de papier crépon : la cérémonie se déroula en présence d’une vingtaine de potes de Johnny le Supersonique, tous ronds come des queues de pelle. Les jeunes mariés prononcèrent le « oui » fatidique debout sur l’aile d’un chasseur à réaction de type X-77. Cette aile, très précisément, se détacha de l’avion à treize cents kilomètres-heure au-dessus du désert de Mojave, deux mois avant l’accouchement de Gabrielle. Johnny était aux commandes… Au terme d’une âpre bataille judiciaire qui l’opposa à l’une des ex-femmes de feu son époux, Gabrielle hérita de tous ses biens ». Fin du premier chapitre.
Comment s'arrêter après un tel début?
La poésie, l'imagination, la déconnade à cent à l'heure me font oublier ce printemps froid et pluvieux.

4. Le mardi, avril 24 2012, 20:10 par Agnès

je me réjouis, Anne. Comme tu le sais, je milite pour la lecture à grande échelle des livres "reconstituants".

Bonne suite de printemps lecteur.

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