Georges Bonnet - Un Jour nous partirons

Pas très sérieux, tout ça, pas une note de lecture depuis une semaine. Alors au moins quelques mots ce soir pour évoquer : Un Jour nous partirons de Georges Bonnet, dont j’ai déjà chroniqué ici Les Yeux des chiens ont toujours soif. C’est un recueil de nouvelles, chez Le Temps qu’il fait, ce qui n’est pas anodin, car il y a un plaisir supplémentaire à lire les ouvrages de cet éditeur : couverture à rabats, au toucher lisse et en quelque sorte soyeux, pages crémeuses, belles marges, belle typographie, et sur la couverture, une très belle photo en noir et blanc de Jean Dieuzaide ( ?) où deux enfants, un garçonnet, une fillette, juchés sur un étrange engin constitué de pièces de bois liées en forme de tricycle, mais sans roue à l’avant, regardent l’objectif avec gravité.
Enfance, départ impossible, gravité, quelques éléments de ces douze nouvelles, qui, de l’enfance à la très grande vieillesse (l’auteur a 90 ans cette année) évoquent dans un style dépouillé (phrases presque toujours juxtaposées, peu de constructions complexes, mais la langue est riche) des fragments de vie, dont certains remontent évidemment à un temps très lointain. Il y a donc des nouvelles d’enfance : Alors Je serai poète, La Case numéro 8 ou La Justice des cimetières, des nouvelles de la jeunesse vigoureuse, comme Un Dimanche perdu, des nouvelles de l’âge adulte : Je n’aurais pas aimé qu’il dise merci ou Le Miroir Amandine… la dernière très longue nouvelle, Un Sourire pourrait tout effacer, évoque au fil des jours la lente dérive dans la très grande vieillesse d’un couple dont la femme reste accrochée à la vie par la force des rituels et de sa tendresse, alors que son mari perd peu à peu prise sur le réel. Il y a des histoires de sport ou de sportifs, des couples, des fantômes, des gens de peu, un univers quotidien et pourtant parfois étrange, et toujours un amour de la vie teinté de mélancolie sereine. C’est un livre dense et plein, quoique vibrant de silences. Un bonheur de lecture.

L'éditeur est ici : http://www.letempsquilfait.com/ et on ne peut pas dire que le catalogue soit anodin...

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