Huth, Fitzgerald, anglaises...
Par Agnès Orosco le mardi, août 26 2008, 21:59 - Littératures anglophones - Lien permanent
Alors, en vrac. Il y a eu, chez Folio, Un Fils exemplaire (The Boy Who Stood Under The Horse) d’Angela Huth,
histoire d’une mère tout entière vouée à son fils après le départ de son mari vers la passion et la prospérité. Des gens de bien, sachant se tenir, soucieux de l’autre et du bien commun (la mère rend vie à son village de l’Ouest anglais en ouvrant une épicerie-poste). Une histoire contée sur le mode indifférent, - sensible cependant aux petits miracles de la nature que saisit l’œil de Belle, c’est son prénom, - sans vagues, jusqu’au surgissement d’une brutalité insoupçonnable, y compris par elle-même, chez cette mère lisse et aimante, face aux amours de son fils devenu adulte. Un roman psychologique, une étude de femme, qui découvre en elle un cloaque de passions sous sa naturelle bienveillance. L’autrice est vivante, et ce n’est pas mal du tout.
Autre histoire anglaise, contée avec une férocité retenue, L’Affaire Lolita, de Pénélope Fitzgerald, mauvais titre pour l’anglais The Bookshop, tout simplement (1978, traduit en 2006).
Suffolk, 1959. Le bourg, totalement isolé du monde, s’appelle Hardborough, ça plante le décor. La vie y est âpre et humide, entre marais et mer du Nord, pluie et vents, routine et commérages. Guère de manifestations de la civilisation, lorsque Florence Green, veuve menue, insignifiante et têtue, décide d’employer son pécule et ses connaissances à ouvrir une librairie dans The Old House, une maison authentiquement hantée par un esprit cogneur parfaitement homologué – et le hangar à huîtres voisin.
Entre « fatalisme placide », hostilité suave, sournoise et active, et le soutien de quelques excentriques carabinés, le projet prend corps, se déploie, puis se fissure avant de s’effondrer aux accents d’une laconique polyphonie villageoise. La promotion de Lolita mise en exergue par le titre français ne joue dans le destin de Florence et de sa librairie qu’un rôle anecdotique, c’est bien plus suavement cruel que ça. Très bien, Pénélope Fitzgerald. Un écho acide de Jane Austen dans la peinture sociale, fragment de Comédie Humaine féroce et humide, sans concessions ni fioritures. C’est chez Folio, après Quai Voltaire.
Tout de même, j’ai lu aussi Mal di Pietre, de Milena Agus. Le sarde en italien, c’est encore plus magique.