Modeste Proposition pour empêcher les enfants des pauvres....

La Comédie de Picardie proposait hier une adaptation pour la scène – le monologue d’un technocrate satisfait, indifférent et philanthrope – de la Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays, et pour les rendre utiles au public, assortie d’une petite farcissure de Proposition concernant les mendiants de Dublin. Dit pas David Gabison sur une mise en scène de François Rancillac, avec tableau noir, maximes swiftiennes, et chiffres.

Swift, se posant en philanthrope, évoque la situation catastrophique de l'Irlande, ravagée par la misère et la famine. Chiffres à l'appui, il propose la solution la plus rationnelle. C'est à la fois hilarant et suffocant. La voix docte et tranquille de « l’expert » soulignait la rationalité glaçante de ce délire d’économiste statisticien.

C’est un texte effrayant, où l’on éclate de rire à des horreurs et où l’on reconnaît avec quelque terreur bien des discours contemporains, seulement un peu poussés à leurs extrémités logiques ?
Je craignais le passage à la scène - j’ai trouvé que le texte y gagnait, simplement parce qu’on l’entendait.

En quelques pages (pour une soirée au théâtre, c’est peut-être un peu court) Swift en suggère bien plus, de façon bien plus effrayante, et en suscitant le rire, et pourtant s’agit-il encore d’humour noir ? cela a quelque chose de bien pire – bien plus donc que les neuf cents pages assommantes des Bienveillantes. D’un côté, un pavé indigeste et complaisant. De l’autre, une brève charge, brillante, dévastatrice, à tout jamais lancinante.

Le texte est ici.

Commentaires

1. Le jeudi, juillet 3 2008, 16:47 par Déalet

vous n'avez pas tellement aimé "les bienveillantes" à ce que je vois! c'est vrai que ce n'est pas tellement bien écrit car les discours repiqués sont trop longs! Dans le genre "pavé" je préfère même si ce n'est pas du tout le même style:"sauver Isaphan" de JC Rufin,qu'est ce que vous en pensez, vous de cet auteur?

2. Le jeudi, juillet 3 2008, 22:45 par Agnès

J'ai détesté Les Bienveillantes. Quant à JC Ruffin, j'ai lu autrefois un bouquin de lui qui ne m'a pas marquée : j'en ai oublié jusqu'au titre...

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