samedi, mars 24 2012

24 mars

Je n’ai guère eu le temps de passer par ici, ces derniers jours, malgré le jaillissement du printemps en fleurs à travers villes et campagnes, malgré la douceur de l’air. C’est à peine si j’ai lu (Le Misanthrope, encore, et des articles autour). Mais voici  que depuis jeudi les livres me rattrapent.

Il y a des jours bienheureux, où, comme ce midi, votre boîte-aux-lettres vous réserve des surprises rectangulaires, enveloppées de bulles protectrices, emballées de joli papier rose et vert – ou pas. Où ce sont vos amies qui décident de ce que vous allez lire (quand ???), en allant dénicher de petits trésors du côté de vos lieux de prédilection, les Cévennes, délaissées depuis deux ans, les dicos, toujours fertiles en découvertes. Merci Anne, Zaza, Odile.

Il y a eu aussi, jeudi, la rencontre avec des auteurs, qui, à la fin de la journée, ont si bellement évoqué ensemble le travail de l’écriture, sa gestation pendant, par exemple, un nécessaire ennui, son surgissement, ou au contraire, le constant retravail qu’elle exige. Le « gueuloir », intérieur ou non, toujours - merci Gustave, pour la formule et pour la pratique. Il y avait Cathy Ytak et ses phrases lyriques, intenses, vocales (Rien que ta peau), Denis Lachaud qui parle si bellement, sans jamais de clichés verbaux, et qui a lu des fragments d’une sorte de drame intime, intérieur, L’Une, et Sylvain Levey, caustique, rageur, sincère, et dont j’ai lu Costa le rouge, hommage à un grand-père. Auteurs jeunesse, que je ne lis guère d’ordinaire, et dont le propos, le travail, la langue sont ceux de tout écrivain visant à la justesse – tous l’ont dit. Il y avait Michel Azama, aussi, dont j’ai avalé en une semaine une dizaine de ses pièces si intenses, à la langue ardente et aux personnages paroxystiques, entre mythes et Histoire d’autrefois, et soubresauts du monde d’aujourd’hui. Un homme aigu et chaleureux. Beaucoup de livres, finalement, quand on y pense. Et puis je suis enfin retournée à la bibliothèque. Où j’ai emprunté pour raisons de proximité géographique sur les rayons Laurence Tardieu – ici recommandée un jour par une lectrice de passage -, elle est marseillaise, Linn Ulmann, pour voir, et l’ultime Trollope disponible à l’emprunt, Le Château du Prince de Polignac, minuscule opus récemment extrait par l’Herne d’un volume de Tales of all countries. Amusante bluette malicieuse entre une veuve anglaise de trente-six ans et un aimable Français sub quinquagénaire, en la bonne ville du Puy-en-Velay très pittoresquement décrite. Mais pourquoi avoir donné au soupirant français en gants beurre frais le nom d’un prêcheur dominicain ? et puis, 48 pages format 'carnet' (c’est le nom de la collection), certes en joli papier et en Garamond bleu, pour 9€50!!! C’est exorbitant.


Puis-je prouver que je ne suis pas un escargot ? certain jeudi matin où je partis en retard au lycée, oui. Où j’y arrivai encore plus en retard, après entrevue passablement fâcheuse avec des messieurs en képi. Qui s’étaient embusqués, équipés d’un appareil puissant, sur la petite route qui descend vers Sailly Laurette. Bilan, ponction non moins fâcheuse sur certain document rose dont il est bien difficile de se passer quand on vit à la campagne. Ce qu’à Dieu ne plaise, et que Saint Christophe me protège…