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samedi, mars 31 2012

Linn Ullmann - Je suis un ange venu du nord

Je suis un ange venu du nord, de Linn Ullmann, est un assez beau roman. Par un hiver enneigé, le trajet, intérieur et géographique, de trois demi-sœurs, Erika, Laura et Molly, pour rejoindre à Hammarsö, dans la maison de tous leurs étés délaissée depuis vingt-cinq ans, leur vieux père. Parce qu’« il y a un air d’épilogue dans tout ça »… parce qu’il faut le revoir, et affronter un passé encore à vif, avant qu’il ne meure. Il y a trois parties, « la route », « la colonie », « été et hiver », qui correspondent au chemin de chacune des sœurs. Entre le présent et diverses strates de passé, les personnages sont attachants, vivants, bien campés. L’île aussi, avec ses bois et ses plages, qui sont le décor des jeux, sensuels ou cruels, de l’enfance. Mais on voit venir de loin autour de quel absent et de quel secret tourne la souffrance des trois sœurs, même si l’on ne s’attend pas à la cruauté de la scène qui a réuni dans le secret - et séparé - le père et les filles. Autre gêne, je ne sais pas si c’est un fait de langue, ou un effet de style, mais la litanie des prénoms répétés à la place de pronoms personnels a enrayé la fluidité de ma lecture.

Le second film de Bergman que j’aie vu, encore adolescente, c’était A travers le miroir. Île, père despotique, séducteur et absent, relations passionnées entre un frère et une sœur désemparés, j’ai souvent pensé à ce film (qui est de 61, cinq ans avant la naissance de la romancière, fille de Liv Ulmann et de Bergman) en lisant ce roman, marqué, me semble-t-il, par la patte et la présence du père, mais avec une légèreté et un souci de la rémission qui l’éclairent d’une plus clémente lumière.