Mot-clé - Rouanet

Fil des billets - Fil des commentaires

vendredi, décembre 25 2009

Vin chaud pour Noël

« On fait bouillir un bon vin rouge, sucré à sa convenance, - quatre morceaux par quart de litre – dans les bouillons duquel on jette une écorce d’orange, un peu de citron, un clou de girofle et de la cannelle en bâton. On dit en bâton, mais c’est de l’écorce du cannelier qu’il s’agit, qui garde des années l’arôme intact.

Il faut faire bouillir, le temps de s’enivrer des senteurs au-dessus de la casserole. Les oreilles bourdonnent, le regard vacille au-dessus d’un tourbillon de sorcière où apparaissent et disparaissent tour à tour un bout d’écorce, un éclair d’orange, le bouton floral de girofle. Juste avant de servir, on corse le tout d’eau-de-vie ; d’aigardent, comme on dit ici, où nous nommions le trois-six à la manière des Indiens : l’eau ardente. Et on flambe. Cette flamme courte, fugitive, de feu follet, ajoute au mystère dans une pièce éteinte un bref instant.

Puis on boit ce nectar, sirupeux et fort en degré, qui fait monter le feu aux joues, dispose à l’indulgence et à la belote, à l’amitié, à l’amour, au sommeil ».

Voilà qui conviendra après une bonne marche roborative, à la fin d’une après-midi vouée aux agapes. C’est, à « Janvier », l’une des recettes, mais c’est bien plus qu’une recette, du Petit Traité Romanesque de cuisine de Marie Rouanet, lyrique et savoureux manuel de « cuisine courtoise », saisonnière, familiale, au fil des mois et des plus modestes comme des plus fastueuses offrandes de la nature. Je vous taperai les « Noix magiques » propres à Noël quand j’aurais un peu plus temps. Testez, en attendant, - des narines, des yeux et des papilles -. Ce vin chaud, à tous les sens du terme, est enivrant.