samedi, février 25 2012

'A funny thing', unfortunately unknown

Qui connaît même le titre (consternant en français, et qui fait craindre le pire) du film de Richard Lester, Le Forum en folie ? un film de 1966, d’inspiration latine comme le suggère le titre. Je l’ai quant à moi découvert – MERCI à eux ! - grâce aux élèves et anciens élèves de la rue d’Ulm fondateurs des Journées ‘Découverte de l’Antiquité’ à destination des collégiens et des lycéens. Il s’agit de la version filmique d’une comédie musicale jouée à Broadway en 1962, A Funny Thing Happened on the Way to the Forum, combinaison particulièrement réussie de trois (au moins !) pièces de Plaute soi-même, (Titus Maccius Plautus, IIIe – IInd siècle avant Jésus-Christ) : Pseudolus, l’esclave trompeur, la Mostellaria, la comédie du fantôme, et Miles Gloriosus, le soldat fanfaron, le matamore.

L’histoire est un imbroglio invraisemblable d’ingrédients traditionnels de la comédie latine : un jeune benêt décoratif, Hero dans le film, est tombé amoureux d’une courtisane du bordel voisin, Philia, laquelle, encore vierge, a été achetée par un général triomphant, Miles Gloriosus, auquel elle doit être remise incessamment. En échange de sa liberté, l’esclave d’Héro, Pseudolus, se fait fort de récupérer et d’enlever la belle et d’organiser la fuite des deux amoureux. Mais la situation se complique rapidement avec le retour des parents d’Héro, l’acariâtre Domina et son époux Senex qui n’est pas insensible aux charmes de Philia, celui du voisin depuis longtemps absent, Erronius, incarné par un inénarrable Buster Keaton vêtu de violet et coiffé d’un fort seyant chapeau rond, sorte de plat à barbe sans l’encoche, lequel est en quête de ses deux enfants depuis longtemps perdus. S’y ajoutent le maquereau, Marcus Lycus, l’intendant de Senex, Hysterium, des soldats, des gladiateurs et une pléiade de prostituées très appétissantes parmi lesquelles une géante muette à laquelle Pseudolus est particulièrement sensible. Les péripéties s’enchaînent et se multiplient, assorties de travestissements et de quiproquos en cascades (Lycus et Hysterium en blondes à perruques…), d’une maison à l’autre, dans les rues et les bains, les marchés et les temples d’une Rome de fantaisie passablement syncrétique mais qui s’en soucie ? le rythme est endiablé, sans le moindre temps mort, les dialogues brillants et drôlissimes, les décors et costumes très réussis, les clins d’œil érudits foisonnent. On y rit aux éclats, par salves, on voit pointer les gags et on se délecte à les voir advenir. Quant à l’acteur principal, Zéro Mostel ( !), il porte génialement le film, et il faut le voir imiter la grimace du masque de comédie, il mériterait l’oscar de la mimique ! il y a une course de chars à faire pâlir Ben Hur, et - j’allais oublier – la musique et les « lyrics » sont de Steven Sondheim, excusez du peu. La version française, dialogues et chansons, est excellente. Même le générique est une merveille graphique, où s’immobilise, en motif de fresque mauve sur rouge et or délavés, Buster Keaton en son ultime course.