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lundi, janvier 4 2010

Katarina Mazetti - Les Larmes de Tarzan

Katarina Mazetti, qui comme son nom ne l’indique pas est suédoise, a connu il y a quelques années un très grand succès avec une romance d’amour improbable entre une bibliothécaire veuve et un éleveur de vaches célibataire rencontré au cimetière : c’était Le Mec de la tombe d’à côté, ouvrage allègre et spirituel, construit sur les voix alternées des protagonistes, et depuis adapté avec succès au théâtre.

Actes Sud publie chez Babel Les Larmes de Tarzan, autre histoire improbable et paradoxale : Tarzan (Marianna de son vrai nom) est une jeune femme archi-fauchée, qui tente d’élever ses jeunes enfants en exerçant à temps partiel le métier difficile de professeur d’arts plastiques (pas la joie prof d’arts plastiques vacataire en Suède, ça donne un avant-goût de ce qui nous guette par ici et ça flanque la trouille, pour les élèves, pour les arts plastiques, et pour les profs) dans divers collèges ; sa vie n’est qu’une longue galère, entre fins de mois plus qu’incertaines, repas insuffisants, enfants (Bella et Billy) pénibles constamment à torcher, Jenny sa copine en plans foireux et les réapparitions clignotantes de son compagnon Micke, un rêveur plus ou moins schizophrène.
Janne est un jeune loup très mode, très oisif, très hype, très à l’aise. Pourquoi, après une première rencontre particulièrement percutante, (Tarzan au bout d’une corde projetant dans le décor Janne en balade et brisant ses lunettes Armani), et une conjonction nocturne éblouie sur la plage, Janne se met-il à poursuivre Tarzan – dont les seins « en oreilles de cocker » ( ! ) l’ont séduit au premier regard - de ses assiduités, malgré toutes les galères ci-dessus évoquées ? C’est ce que ni l’une ni l’autre ne s’explique, et c’est un modus vivendi qui, à l’une comme à l’autre coûte efforts et incompréhension mutuelle. C’est enlevé, c’est piquant, et ça ne manque pas d’aperçus assez réalistes sur ceux que la vie a réduits à des situations limite, sans cesse en équilibre instable entre sauvetage des apparences et risque d’effondrement sans retour. Pour autant, le style, dans sa familiarité, est tout de même assez racoleur, comme le sont les voix narratives des enfants, auxquelles j’ai eu du mal à prêter foi. Bref un bouquin plaisant, mais un peu trop branché et facile, et somme toute assez inconsistant.