jolie couverture chez ''Nil éditions'', février 2007.
C'est le dialogue de l'auteur avec lui-même, au fil de la découverte de
sa nouvelle maison, élue en quelques instants, "at first sight", après
de longues et vaines recherches. Une maison de maître dans la forêt des
Landes, isolée, abandonnée depuis qu'elle a servi de bordel pour SS
pendant la guerre de 40. C'est là qu'il vient camper, au milieu de rien
sinon d'un vaste "airial" aux arbres enchevêtrés, en plein provisoire,
après son retour de captivité. Accompagné d'un vieux Virgile trouvé sur
les lieux, d'un opéra de Haydn - "Il Ritorno di Tobia", qu'il écoute en
boucle, et de la présence active et silencieuse des deux maçons
grommelants Castor et Pollux, il réapprend à vivre avec soi, la nature,
sa famille, ses "semblables".
C'est un retour au monde, celui des hommes et celui de la nature,
arbres, chevreuils, oiseaux... Un retour à soi aussi, que tente de
capturer l'écriture. Il y a de longs passages sur le rapport aux
livres. Ce qui m'a le plus frappée, touchée : que cet homme qui s'est
dit sauvé par les livres pendant sa captivité, même les Harlequin que
lui apportaient ses geôliers, dise avoir rompu avec eux. Ils sont
toujours là auprès de lui, mais plus faciles à "désherber", et surtout,
dépouillés de leur aura, du lien conssubstantiel qu'ils entretenaient
ensemble. Ça m'a glacée. Qu'on puisse quitter les livres... -
C'est le bouquin d'un moraliste, plein de maximes sur les sujets qu'il
traite - sur les maisons, entre autres. Un lecteur de Montaigne, c'est
évident. Mais entrecoupé de dialogues, et de flashes d'infos d'époque
sur la situation au Moyen Orient. Avec quelque chose d'un peu blanc,
d'un peu décousu. Un livre juste et sincère, qui m'a touchée sans me
séduire : affaire de style, et de composition. L'histoire, en tout cas,
d'une reconstruction, dans la familiarité quotidienne d'une maison.
jeudi, juin 7 2007
La Maison du retour, de Jean-Paul Kauffmann,
Par Agnès Orosco le jeudi, juin 7 2007, 18:28 - Littératures française et francophones