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jeudi, juin 7 2007

La Maison du retour, de Jean-Paul Kauffmann,

jolie couverture chez ''Nil éditions'', février 2007.
C'est le dialogue de l'auteur avec lui-même, au fil de la découverte de sa nouvelle maison, élue en quelques instants, "at first sight", après de longues et vaines recherches. Une maison de maître dans la forêt des Landes, isolée, abandonnée depuis qu'elle a servi de bordel pour SS pendant la guerre de 40. C'est là qu'il vient camper, au milieu de rien sinon d'un vaste "airial" aux arbres enchevêtrés, en plein provisoire, après son retour de captivité. Accompagné d'un vieux Virgile trouvé sur les lieux, d'un opéra de Haydn - "Il Ritorno di Tobia", qu'il écoute en boucle, et de la présence active et silencieuse des deux maçons grommelants Castor et Pollux, il réapprend à vivre avec soi, la nature, sa famille, ses "semblables".
C'est un retour au monde, celui des hommes et celui de la nature, arbres, chevreuils, oiseaux... Un retour à soi aussi, que tente de capturer l'écriture. Il y a de longs passages sur le rapport aux livres. Ce qui m'a le plus frappée, touchée : que cet homme qui s'est dit sauvé par les livres pendant sa captivité, même les Harlequin que lui apportaient ses geôliers, dise avoir rompu avec eux. Ils sont toujours là auprès de lui, mais plus faciles à "désherber", et surtout, dépouillés de leur aura, du lien conssubstantiel qu'ils entretenaient ensemble. Ça m'a glacée. Qu'on puisse quitter les livres... -
C'est le bouquin d'un moraliste, plein de maximes sur les sujets qu'il traite - sur les maisons, entre autres. Un lecteur de Montaigne, c'est évident. Mais entrecoupé de dialogues, et de flashes d'infos d'époque sur la situation au Moyen Orient. Avec quelque chose d'un peu blanc, d'un peu décousu. Un livre juste et sincère, qui m'a touchée sans me séduire : affaire de style, et de composition. L'histoire, en tout cas, d'une reconstruction, dans la familiarité quotidienne d'une maison.