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dimanche, septembre 23 2012

Emmanuelle Guattari - La Petite Borde

J’ai entendu Emmanuelle Guattari à l’émission de Colette Fellous Carnet Nomade. Elle y évoquait d’une voix menue mais fervente le livre qu’elle vient de publier au Mercure de France, La Petite Borde, où elle évoque ses souvenirs d’enfance à La Borde, la « résidence psychiatrique » ouverte où elle a grandi, elle, la fille de Félix Guattari, philosophe et psychanalyste, compagnon du psychiatre Jean Oury dans cette aventure thérapeutique singulière. Je l’ai écoutée raconter ses souvenirs d’enfance parmi les « pensionnaires », comme ceux de « la chauffe » qui transportaient des grappes d’enfants en 2CV cahotante jusqu’à l’école, avec, je dois le dire, la nostalgie d’un temps où la sécurité ne dévorait pas la vie, et où régnait une forme d’humanisme généreux et inventif  dont je me sens moi-même le fruit, et dont le monde d’aujourd’hui semble avoir fait litière. D’où l’intérêt du récit d’Emmanuelle Guattari, né d’une requête de la garderie de La Borde, menacée de fermeture administrative et qui réclamait des témoignages d’anciens.
Je dois dire que j’ai préféré la tradition orale telle que contée à la radio au texte publié. Dans un souci infiniment respectable de retenue, l’autrice a limité ses récits à des éclats d’enfance, sur le mode de l’allusion et du suspens. L’expérience y perd un peu de chair, parfois même de clarté. Et puis, pourquoi ce mot de « roman » pour un texte qui relève si manifestement de l’autobiographie ? Il n’en reste pas moins un joli petit livre sobre dans sa forme matérielle, et qui touche par la justesse de son ton, et le mélancolique tissage qui le constitue de joies et de chagrins.