J’ai entendu Emmanuelle Guattari
à l’émission de Colette Fellous Carnet
Nomade. Elle y évoquait d’une voix menue mais fervente le livre qu’elle
vient de publier au Mercure de France, La
Petite Borde, où elle évoque ses souvenirs d’enfance à La Borde, la « résidence
psychiatrique » ouverte où elle a grandi, elle, la fille de Félix Guattari,
philosophe et psychanalyste, compagnon du psychiatre Jean Oury dans cette aventure
thérapeutique singulière. Je l’ai écoutée raconter ses souvenirs d’enfance
parmi les « pensionnaires », comme ceux de « la chauffe »
qui transportaient des grappes d’enfants en 2CV cahotante jusqu’à l’école,
avec, je dois le dire, la nostalgie d’un temps où la sécurité ne dévorait pas
la vie, et où régnait une forme d’humanisme généreux et inventif dont je me sens moi-même le fruit, et dont le
monde d’aujourd’hui semble avoir fait litière. D’où l’intérêt du récit d’Emmanuelle
Guattari, né d’une requête de la garderie de La Borde, menacée de fermeture
administrative et qui réclamait des témoignages d’anciens.
Je dois dire que j’ai
préféré la tradition orale telle que contée à la radio au texte publié. Dans un
souci infiniment respectable de retenue, l’autrice a limité ses récits à des
éclats d’enfance, sur le mode de l’allusion et du suspens. L’expérience y perd
un peu de chair, parfois même de clarté. Et puis, pourquoi ce mot de « roman »
pour un texte qui relève si manifestement de l’autobiographie ? Il n’en
reste pas moins un joli petit livre sobre dans sa forme matérielle, et qui
touche par la justesse de son ton, et le mélancolique tissage qui le constitue
de joies et de chagrins.
dimanche, septembre 23 2012
Emmanuelle Guattari - La Petite Borde
Par Agnès Orosco le dimanche, septembre 23 2012, 19:39 - Littératures française et francophones