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dimanche, juillet 1 2007

Je cède la parole à Christine, à propos de Vincent...

Une fois n'est pas coutume, je cite le commentaire envoyé tout à l'heure par mon amie Christine, lectrice avertie :
À emporter absolument dans vos bagages,
je viens de lire d'une traite deux courts romans d'un jeune philosophe, génération Muriel Barbery, même profil, Ce qui est perdu , paru en 2006 et À la porte , paru en 2004.
Ce qui est perdu est une petite merveille. Le sujet, la construction, le style, tout y est parfaitement pensé. Un roman sur un jeune homme qui pour se guérir d'une rupture amoureuse (la fille a l'air d'une dinde parfaite) décide d'écrire une biographie de Kierkegaard. Pour qu'elle puisse, à travers ce livre, comprendre qui il est vraiment (pas le philosophe, lui). Comme il a besoin d'argent ­ le retour au célibat coûte cher - , il promène des touristes danois dans Paris. Le reste du temps il raconte ses déboires sentimentaux, et ceux des gens qu'il rencontre, à l'assistance de plus en plus nombreuse du salon de coiffure de son ami Abel, un confesseur qui s'ignore. Là, tout le monde y va de sa petite histoire, et curieusement, elles se croisent car elles se ressemblent, toutes ces histoires de pertes et de ruptures définitives. Mais sans la moindre tristesse, car ce petit roman est d'une drôlerie et parfois d'une loufoquerie inattendues, étant donné le sujet, notamment dans les dernières pages une course-poursuite derrière un chat dans les jardins de Versailles.

Mais c'est aussi très fin, très sensible, profond, sans jamais être gnan-gnan, plein de fantaisie et de surprises. Finalement, vous ne lirez pas une ligne de la biographie de Kierkegaard, ou si peu, (dans la vraie vie, Vincent Delecroix semble connaître assez bien son danois d'auteur), mais vous aurez droit aux tribulations sentimentales et mélancolieuses d'un hurluberlu tout à fait attachant. Bref, je vous le conseille. On aime lire ce genre de livres.
« À la porte », qui le précède chronologiquement est une histoire plus dure peut-être d'un vieux professeur qui reste sur son palier, après qu'un blanc-bec de thésard, venu chercher des conseils, referme la porte sur eux deux. Il est donc condamné à errer toute la journée dans Paris, sans but, sans argent. Une sorte de méditation sur sa vie, une errance qui se mélange vite au rêve, aigre-douce, plutôt aigre en fait, mais extrêmement lucide. http://www.gallimard.fr/catalog/bon-feuilles/01059344.HTM