mercredi, février 20 2013

Tibor Déry - Niki, histoire d'un chien

C’est un tout petit livre, un vrai poche de poche, une centaine de pages, une bonne heure de lecture. C’est François qui m’en avait parlé, mais il n’était pas à la bibli, où de Tibor Déry je n’ai pu emprunter que Monsieur  G. A. à X., une brumeuse et angoissante utopie urbaine, que faute de temps je n’ai pas finie et que j’ai dû rendre, en retard. Et de Niki, donc, bernique. Jusqu’à ce que je le trouve, dédicacé, dans ma boîte-aux-lettres, au lycée... merci, François.

Un tout petit livre pour un tout petit chien, une chienne d’ailleurs, une fox bâtarde, qui a trouvé en M. Ancsa, ingénieur, et son épouse, ses maîtres d’élection. C’est en Hongrie, entre 1948 et 1955, en pleine dictature communiste.

Toute l’action, puis l’inaction, l’attente, est contée, non véritablement du point de vue, mais dans une sympathie profonde avec le chien, tel que l’observent, l’éloignent, puis malgré eux l’adoptent ses nouveaux maîtres. A travers  le comportement de Niki, ses promenades à la campagne puis à la ville, ses jeux, ses chasses et ses perplexités, son goût pour les cailloux, sa vitalité joyeuse progressivement mise à mal par la chape d’hostilité et de tristesse secrétée par la situation politique et sociale. Le désarroi et le silence partagés jusqu’au désespoir. La chienne Niki est bien plus qu’un simple animal typisé pour illustrer une fable politique. C’est un personnage à part entière. Cette histoire est, sur fond de déhumanisation liée au régime politique, une histoire de fraternité d’âmes, et d’amour, entre hommes et chien. Qui élargit notre regard sur les chiens, et sur les hommes. C’est conté avec brio et traduit magnifiquement. C’est chez Circé poche, un tout petit volume, mais un grand livre, pour la toute petite vie d’un tout petit chien.