Wurre-Wurre à Beauquesne

Ils sont deux. Belges, et même flamands. Tom Roos et Philippe de Maertelaere. Pour rien au monde je n’aurais raté leur spectacle (vendredi 1er juillet, 19 heures), après les avoir vus, il y a 13 ans ( ? j’ai l’impression que c’était hier) dans un spectacle infiniment drolatique qui commençait par la danse de deux matelas mousse sur la scène. Cette année, il y a eu le cri de l’homme solitaire, puis la scène où Philippe se retrouve coincé avec son harmonica dans la bouche, et Tom lui portant secours avale sa lampe-torche… il y a eu la scène des arrosoirs, rythmée, mécanique, d’où ils sont allés, trempés, se changer derrière une planche. Les voilà métamorphosés en poules. Il suffit, pour cela, de passer les bras dans les jambes du pantalon. Et c’est parti pour une suite d’absurdités, ponctuées de cris « grincés-couinés », et qui culmine avec la ponte douloureuse – par la bouche, ça va de soi… - d’un œuf. On rit soulagés, tant l’exercice semblait douloureux. Il y a eu les lettres mimées, devenues mots, et bien que ce soit Monsieur au sixième rang qui ait trouvé (analphabète, mais en flamand), on décide que c’est Madame au premier rang à gauche qui est la gagnante de la soirée, aussitôt submergée successivement par une courgette qui traînait de la scène précédente avec les poules, puisque le bouquet de fleurs ne venait pas, d’une bassine et de son couvercle en zinc, qui attendaient sur le côté le spectacle suivant, d’un sac à main, prélevé de l’une de ses voisines, d’un mari, d’un amant, d’un enfant, tous trouvés dans un public effondré de rire, et enfin, d’une porte. Avalanche de présents saugrenus, mi-enfantins, mi-parodiques.

On les retrouve un peu plus tard enchevêtrés l’un dans l’autre, duo devenu un être unique, sorte de géant gauche, bi-, puis mono-céphale, empêtré dans des problèmes de chaussures. Alliant avec brio aisance physique et gaucherie catastrophique. Les numéros s’enchaînent, liés par un fil ténu, qui peut être une simple posture, mais toujours, en quelque sorte, logique. Et ça s’est terminé avec leur scène de conversation avec boîte à chaussures sur la tête, ce qui, on s’en doute, rend l’absorption de  boisson plutôt acrobatique. Aussi bien s’envoient-ils littéralement les verres dans le gosier, avant le geste ultime, poétique.

 J’adore les clowns belges, ils ont un sens du burlesque – et d’un burlesque, disons, bienveillant – absolument inimitable. Le public en sort hilare, les yeux pleins de larmes, un sourire d’une oreille à l’autre. Ces deux compères-là s’appellent Wurre Wurre, et leur spectacle portait le titre de Broekvent (broukfennt), dont on n’aura pas vraiment su quel était le sens, et on s’en fiche. C’était aussi au Festival des Comiques agricoles, le 1er juillet, dans la cour de la ferme au soir tombant, et je n’avais pas pris le temps de finir ma chronique. C’est chose faite, et si vous les voyez passer par chez vous, parents, enfants et tout le reste de la famille et des amis, précipitez-vous.


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