Mènis Koumandarèas - La Femme du métro

Tiens c’est vrai, il n’y avait pas de rayon littérature grecque... c’est vrai aussi qu’à part Zorba le Grec, lecture très ancienne, je ne connais pas la littérature grecque autre qu’antique. Et pas moyen de la rattacher à un ensemble géographique plus vaste, j’ouvre donc officiellement avec La Femme du métro - H KYRIA KOYΛA, la maîtresse Koùla si je comprends correctement -, la « catégorie » Littérature grecque. Et pour pouvoir finir sur un éloge, je vais commencer par râler : comme la couverture est moche ! d’un blanc glacé brillant, avec encart photo gris blanc qui mange plus d’un tiers de l’espace, sur laquelle on voit une combinaison (au sens féminin du terme, aujourd’hui désuet) blanche brodée, accrochée à un clou par un cintre au-dessus d’un radiateur blanc aussi : un truc presque néo-Kandisky (Combinaison blanche sur fond blanc), sinistre, déprimant, et sans le moindre rapport – ou  alors je ne comprends rien au concept[1] – avec le sujet de ce bref, mélancolique, éblouissant roman. Editions Quidam, collection Made in Europe, 60 pages, 10 euros, c’est exorbitant, c’est de l’arnaque, et ce n’est pas la postface (deux pages) de l’excellent traducteur, Michel Volkovitch, laquelle n’apprend rien au lecteur, qui y ajoute quelque chose.

Voilà mon déplaisir exprimé (ce livre est vraiment désagréable à manier, à toucher, à regarder). Je l’ai ouvert ce matin en me levant (pas très tôt), il a accompagné mon thé du matin – avantage d’un petit-déjeuner solitaire – et je ne l’ai posé qu’une fois achevé - emportée, inquiète, saisie par cette obscure et souterraine histoire d’amour. Histoire d’une passion sensuelle dans les années 70, entre un garçon en pantalon pattes d’éléphant et pull rouge, Mìmis, beau, hardi, voluptueux, d’un cynisme encore ingénu, et madame Koùla, la quarantaine distinguée, une vie confortable, mais terne et réglée (j’allais écrire métronomique !^^) entre son mari-de-raison, leurs deux filles, et le centre des impôts où elle travaille comme chef de service. C’est un beau portrait de  femme, une sorte d’Anna Karénine petite bourgeoise. L’histoire « s’étire, s’allonge et se retire » au rythme du métro qui a vu leur(s) rencontre(s) et en reste à la fois le décor et le « mètre » tout au long de leur brève aventure. Je n’en dirais pas plus. C’est magnifiquement écrit, et traduit.



[1]

En fait j’ai trouvé dans les premières pages de garde du roman que la photo portait le titre de « L’intranquille », d’Helena Inkeri, fonds Getty. Le nom de la photographe a un air grec, l’héroïne du roman n’est certes pas en paix. Cela suffit-il à justifier l’association ? il y a un logo aussi, d’ailleurs, qui leur aurait été offert par Moebius.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?trackback/271

Fil des commentaires de ce billet