Les enjeux de la reconstruction

Une ville en grande partie détruite en 1918

Après la bataille de la Somme (1916), l’Etat-major allemand décide de raccourcir le front de 50 km et de se replier sur une ligne de défense dite "Hindenburg". Cette ligne passe par Saint-Quentin. La zone entre l'ancien et le nouveau front est totalement dévastée par les Allemands. Cette décision a pour conséquence le départ (exode) des 43 000 habitants de Saint-Quentin, encore sur place, pendant le mois de mars 1917. Les Saint-Quentinois sont forcés d’abandonner leur maison et leurs biens. Ils sont ensuite déportés vers le Nord ou la Belgique. Ils seront peu à peu rapatriés par la Suisse en direction de la France, en attendant la fin de la guerre.
La ville de Saint-Quentin est libérée le 1er octobre 1918. Le rapatriement des habitants peut alors avoir lieu. Le 1er janvier 1919, on compte 253 habitants, puis 10 000 en juillet et 15 000 en novembre.
L’étendue des destructions de Saint-Quentin est importante. On compte 14 000 immeubles inhabitables. A leur retour, les habitants vivent dans les caves. Saint-Quentin est la 8ème ville au classement des villes de France de plus de 10 000 habitants dévastés avec 67.4% de destruction.

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Source : Archives municipales

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Source : Archives municipales

Sur quels principes reconstruire la ville ?

Les autorités municipales souhaitent que la reconstruction soit conçue et réalisée de manière cohérente. On fait appel à des urbanistes pour établir un plan d’amélioration et d’extension de la ville. Il y a de profondes transformations urbanistiques comme le percement de la rue de Lyon. La place de l’Hôtel-de-Ville, jusqu’alors au carrefour des axes de la circulation, est ainsi contournée. La construction du pont d’Isle, qui enjambe le quartier de la gare, entraîne la démolition de tous les immeubles alentour, pourtant relativement épargnés par la guerre. Ce pont matérialise le lien qui unit le faubourg d’Isle au centre historique de la ville.

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Source : Archives municipales

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Source : Archives municipales

Les urbanistes souhaitent une répartition cohérente des activités industrielles dont le développement avait été spontané et anarchique au XIXème siècle. En réalité, il y eut peu de modifications dans la localisation des usines, en dehors des premières installations dans la vallée Saint-Lazare, timide application des théories de zonage urbain développées par Brassart-Mariage pour Saint-Quentin. En fait, les industriels ont recommencé à bâtir avant que le projet définitif de reconstruction ne soit présenté par Paul Bigot en juillet 1919.
Si la reconstruction industrielle est achevée dès le milieu des années 1920, celle des logements n’est pas terminée avant la fin de la décennie. La reconstruction des habitations se fait sur la base de la loi du 17 avril 1919 : les sinistrés sont incités à rebâtir un immeuble de même destination que celui détruit dans un rayon de 50 kilomètres. Ils bénéficient d’acomptes et reçoivent une indemnisation ("dommages de guerre") et s’ils renoncent, ils perçoivent le montant de la perte.
16 groupements de baraquements provisoires sont édifiés de 1919 à 1923. Ils vont perdurer au delà de la fin des années 1920.

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Source : Archives municipales

La ville se repeuple progressivement : 37 000 habitants en 1921, 49 000 dix ans plus tard. Elle ne retrouvera sa population d’avant guerre que vers les années 1940.

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