mercredi, mai 25 2016

La nécropole nationale de Saint-Quentin

Une préoccupation de chaque armée : enterrer les corps

En 1914, les morts sont d'abord inhumés dans des fosses communes mais les tombes individuelles s’imposent rapidement ensuite. Après la guerre, dans les années 1920, la France s’engage dans les travaux d’aménagement de vastes nécropoles nationales.
Les décrets de septembre 1920 précisent que l'Etat prendra en charge l'inhumation des corps des soldats "Morts pour la France", appellation juridique nouvellement créée qui doit figurer sur l'acte de décès du défunt et être enregistrée par l'Etat-civil. Ils autorisent aussi les familles à demander le retour du corps des soldats. Chaque municipalité en France est alors confrontée à un afflux prévisible d'inhumations : la première solution envisagée est de créer des sections à l'intérieur ou à côté des cimetières existants mais cette approche se révèle rapidement peu satisfaisante, notamment dans les villes proches du front.
Les décrets fixent aussi la manière dont doivent être organisés ces cimetières. L’appartenance religieuse de chaque personne doit être respectée (croix latine pour les chrétiens, catholiques et protestants ; stèle rectangulaire avec l’étoile de David pour les juifs ; arc couronné d’un croissant de Lune et d’une étoile à cinq branches pour les musulmans ; stèle en plein cintre pour les athées et les agnostiques). Sur chaque stèle figure le nom et le prénom du défunt, son unité, son grade, sa date de décès (lorsque celle-ci est connue) ainsi que la mention « Mort pour la France ».
Un ou plusieurs ossuaires regroupant l’ensemble des soldats non identifiés sont aussi construits. Les tombes individuelles sont confectionnées avec un matériau propre à la nation (grès des Vosges ou granite gris pour les Allemands ; pierre calcaire pour les Britanniques ; marbre pour les Américains). Il y a 2 330 cimetières de la Première guerre mondiale en France.

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Le cimetière allemand de Saint-Quentin



L'aménagement d'une nécropole nationale à Saint-Quentin

A la fin de la guerre les lieux d'inhumation se sont multipliés d'autant plus que les cimetières municipaux ont subi de nombreuses destructions comme celui du quartier Saint-Jean.

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Source : Archives Municipales

Ces tombes militaires sont installées en périphérie car il est particulièrement difficile de circuler dans la ville à cause notamment de la destruction des ponts sur le canal.
A la fin de l'année 1923, l'armée prend la décision de regrouper tous les morts français en créant un nouveau cimetière militaire qui sera une "nécropole nationale". Le conseil municipal de la Ville du 29 janvier 1924 nous fournit des précisions sur ce projet : "Ce cimetière se trouve sur la route de Saint-Quentin à Vermand, à l'angle du chemin du Bois des Roses, à 1 km environ de la sortie de la ville, à 3 km environ de la gare. Nous avons pu savoir qu'après son organisation définitive le cimetière national français de Saint-Quentin comprendra environ 3 700 corps identifiés en tombes individuelles et 1 500 corps inconnus en ossuaire

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Source : Archives Municipales

L'opération de transfert des corps à l'intérieur de la nécropole nationale est achevée en juin 1924. Une dizaine de sépultures supplémentaires est transférée en octobre 1924, une soixantaine en 1935, une vingtaine après 1952. Il y a aujourd'hui dans la nécropole 4 947 soldats français dont 1 319 inhumés en ossuaire, auxquels s'ajoutent 125 soldats russes et 2 roumains.

Source : V. Georges et F. Pillet 14-18. Saint-Quentin. Les champs du repos, 2015.