Les débuts de l'occupation (septembre-décembre 1914)

Dans les derniers mois de l'année 1914, les Allemands s'installent dans la ville et organisent leur occupation. Une cohabitation se met en place, souvent difficilement, entre les Saint-Quentinois et leurs occupants.

mardi, avril 15 2014

La vision de l’occupant à Saint Quentin

Elie Fleury raconte un grand nombre d'anecdotes décrivant les Allemands de manière négative.

L’assassinat d’Isaïe Longuet.

Isaïe Longuet est un tisseur mais il a été chargé de surveiller la maison du banquier M. Journel, rue d'Isle, qui a quitté Saint-Quentin. Selon Elie Fleury : "Une donzelle allemande, partageant pour quelques heures les loisirs d'un officier qui logeait là, barbota dans les tiroirs de Madama Journel". Longuet alla porter plainte à la Kommandantur. La jeune fille, dont on avait fouillé les malles, fut renvoyée en Allemagne. Mais l’officier allemand voulut se venger. Beaucoup de gens savaient que Longuet était un braconnier avant la guerre. Les Allemands perquisitionnèrent la maison de Longuet et on retrouva chez lui son fusil qui lui servait à chasser. Dès les premiers jours de l'occupation, les Allemands avaient réquisitionné toutes les armes et menaçaient de fusiller toutes les personnes qui en avaient encore chez elles. Un court procès eut lieu où Longuet se défendit mal. Il fut mis en détention et condamné à être fusillé. On le fusilla le 30 octobre à 15h. Monsieur Vatin, de l’état civil, vint chercher le corps pour le mettre au cimetière. Aucun soldat allemand ne l’aida à le transporter.

Des Allemands qui se comportent de manière brutale

Les Allemands sont souvent décrits de manière négative. Ils sont grossiers : "Crapules de Français ! Canailles ! ; « Van Malzahn vomit des injures dans un jargon abominable. », « Il a engueulé au passage la sentinelle» . Elie Fleury considère souvent qu'ils ne se comportent pas comme des êtres humains : « Vociférations à la porte de l’ambulance, cris qui n’ont rien d’humain. » ; "injures proférées de cette voix de gorge spéciale qui fait penser à un hache-paille détraqué». Ce comportement a pour objectif de terroriser les Saint-Quentinois. Le lieutenant-colonel von Malzahn, considérant que l'hôtel dans lequel il est logé n'est pas assez chauffé, déclare au maire M. Gibert : «Si ça ne chauffe pas dans une heure, je vous fais fusiller sur le bord du canal...On ne sera tranquille ici que quand j’aurais fait pendre 100 habitants". Les Allemands faisaient également peur aux femmes : « Tout le personnel féminin était frappé de terreur. »

L’attitude soupçonneuse des Allemands

Elie Fleury décrit des Allemands toujours méfiants à l'égard des Saint-Quentinois. Selon lui, les Allemands mènent des enquêtes sur les personnes qui posent des questions ou sur celles qui parlent des viols et des délits commis par les Allemands. Un climat de suspicion s'installe à Saint-Quentin. Les habitants ont peur que leurs conversations soient écoutées. Les Allemands soupçonnent tout le monde, y compris les religieux (anecdotes sur l’abbé Heller et sur les Petites-Soeurs des Pauvres).

La gestion des prisonniers et des blessés

Les combats autour de Saint-Quentin ont laissé un certain nombre de soldats prisonniers ou blessés que les Allemands doivent gérer dès septembre 1914.

Les prisonniers

Elie Fleury nous dit qu'ils sont entassés dans des locaux réquisitionnés : la Société industrielle et la Bourse du Commerce. Les Allemands décident rapidement de les envoyer en Allemagne par train.

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Source : Société Académique de Saint-Quentin - Bâtiment construit en 1884 par la Société industrielle pour créer une école professionnelle, rue Saint-Jean (actuellement rue Raspail, site de l'INSSET)

Selon Fleury, la population se montre "fraternelle" avec eux : les Allemands ne s'opposent pas à ce qu'elle donne des produits alimentaires et du linge mais Elie Fleury nous précise qu'ils établissent des catégories. "Un panier de fruits fut ainsi partagé devant moi : une poire à chaque Français, une poire pour trois Anglais. L’Anglais était la « bête noire » et, sur les murs, sur les wagons, on lisait l’imprécation avec laquelle s’abordaient les officiers « Que Dieu punisse l’Angleterre ! »". Cette anecdote révèle la haine que les Allemands portent envers les Anglais et qui est évoquée à de nombreuses reprises dans le livre.

Les blessés

Des structures existaient avant le début de la guerre à Saint-Quentin pour accueillir d'éventuels blessés. La Croix-Rouge était présente à Saint-Quentin, par l'intermédiaire de deux sociétés : L’Union des Femmes de France qui avait installé son hôpital dans l’école Theillier-Desjardins, au faubourg Saint-Martin et la Société de Secours aux Blessés militaires qui occupait tout le patronage Jeanne d’Arc, au faubourg d’Isle, avec une petite annexe rue de la Raffinerie et un dispensaire rue Cronstadt. Les Allemands installèrent leurs grands hôpitaux au lycée Henri-Martin, à Fervaques et à l’Hôtel-Dieu.
Elie Fleury raconte qu'"au début, tout fut plein et indistinctement de blessés de différentes nationalités. Puis un classement se fit et, devant l'invasion des docteurs allemands et des "soeurs" patentées ou non, l'expulsion progressive du personnel français se poursuivit méthodiquement".

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Source : Société Académique de Saint-Quentin -Louise Hugues, qui dirige L'Union des femmes de France, pose au milieu des bénévoles. Veuve du député-maire de Saint-Quentin, elle consacra sa vie aux défavorisés, notamment entre 1914 et 1917

La levée des travailleurs civils à Saint-Quentin

L'organisation de la levée des travailleurs civils

Le 5 décembre 1914, les Saint-Quentinois découvrent une affiche placardée dans la nuit "ordonnant aux hommes de 18 à 38 ans de se présenter, à une heure, à la caserne, porteurs d'une feuille en double, avec le nom, l'adresse, la profession, etc."Le maire se rend alors à la Kommandantur et reçoit l'assurance du nouveau commandant, le comte von Bernstorff, que "c'est là une simple formalité, qu'on ne retiendra que les ouvriers terrassiers - et encore pour quelques jours- et les apaches et repris de justice dont la police a fourni une liste". Selon Elie Fleury, trois à quatre mille jeunes se présentent à l'heure dite. On laisse repartir la plupart en ne conservant que "la plus jeune classe, celle de 1896, les adolescents de dix-huit ans".

IMG_4286.jpg Source : Elie Fleury Sous la botte, illustration Paul Séret

Les Allemands éliminent tous ceux que M. Lambert, le commissaire de police, leur indique comme appartenant au commerce et aux professions de l'administration. Finalement, 870 jeunes gens sont retenus et apprennent qu'ils vont devoir travailler pour l'Allemagne.
Entre 21 heures et 22 heures, ils se rendent à la gare. Elie Fleury nous décrit l'atmosphère de cette première réquisition : "Ces pauvres garçons chantaient La Marseillaise, le Chant du Départ et poussaient des cris de : Vive la France ! Adieu maman ! Les Allemands, eux, hurlaient : Hourra ! pour couvrir ces protestations."
Le train s'arrêta en gare d'Aulnoye puis fut coupé en deux : une moitié partit pour Le Quesnoy, l'autre moitié pour Landrecies. Les jeunes Saint-Quentinois travaillèrent à couper du bois dans les forêts ou à travailler pour l'entretien des routes.

Les témoignages de Saint-Quentinois recueillis par Elie Fleury

Franck Debeauvais, l’un de ces travailleurs, raconte qu’ils sont arrivés à Landrecies à cinq heures du matin. Ils sont logés dans la caserne Biron. Grâce aux habitants et au maire de la ville, ils reçoivent des poêles, de la paille, des couvertures (ils avaient dormi par terre la première nuit).
Chaque jour, un sous-officier vient faire l’appel à huit heures du matin. Cent cinquante à deux cents travailleurs civils sont envoyés en forêt pour récupérer le bois qui a été coupé par des "évacués de la ligne de feu, des gens de la Somme par conséquent". Franck Debeauvais insiste sur le fait qu’ils ne font rien d’utile et qu'ils sont très mal nourris.
Cependant, les Allemands renvoient chez eux ceux qui ne sont plus en bonne santé : "Une heureuse petite indisposition me valut de revenir chez moi. J'étais le cent soixante-troisième dans ce cas".

Elie Fleury nous donne un autre témoignage d'un Saint-Quentinois qui travaillait sur les routes :
Après avoir travaillé sur les routes autour de Landrecies, cette personne qu'Elie Fleury ne nomme pas, est emmenée à Péronne puis à Marquaix et enfin à Tincourt-Boucly.
Il décrit des conditions de vie difficiles : ils sont logés dans des maison inhabitées, sans fenêtres. "La paille était mesurée et, pour le feu, nous ramassions du bois". "J'ai passé neuf mois sans me déshabiller. Bien entendu, on ne nous mettait pas à l'abri de la pluie. Nous étions en loques".Ils vivent aussi complètement coupés de leur famille : "Il paraît que de Saint-Quentin, nos parents nous envoyaient paquets sur paquets. Nous n'avons jamais rien reçu, pas même une carte-correspondance". Lors de leurs déplacements, il leur est interdit d'adresser la parole à un civil.
Le travail est dur et les coups pleuvent : "coups de crosse et piqûres parfois profondes de baïonnettes". Il revient à Saint-Quentin le 7 juillet 1915, seul de son équipe de douze, car il a bénéficié d'une "protection". Mais il doit rester trois semaines à la caserne sans savoir pourquoi.
Son père, pour son travail, a touché 132 francs dont 80 en bons de réquisition.

Le dernier témoignage est celui de Ladéolle qui fait partie du train qui s’arrête au Quesnoy. Il y restera deux mois.
Les travailleurs civils sont logés à la caserne Lowendal dans des chambrées de quarante. Ils sont classés par corps de métiers ce qui suscite, selon le témoin, un sentiment de jalousie de la part des ouvriers manuels contre les employés.
Il décrit sa journée : "le réveil sonnait à 5 heures, deux ou trois Allemands entraient en trombe dans chaque chambrée et piquaient à la baïonnette les dormeurs pour les réveiller". Ils vont à la gare pour charger du "sucre, du foin des fagots, des betteraves".
Les conditions de travail sont très pénibles : "Les coups pleuvaient sur les plus faibles. Le caporal Malts notamment avait inauguré une bastonnade au nerf de boeuf qui était vraiment très cruelle ; il tapait sans distinction sur tous ceux qu'il croisait et il en résultait des meurtrissures extrêmement douloureuses". Les conditions de vie sont très dures. La nourriture est exécrable : le matin, les travailleurs n'ont droit qu'à "un peu d'eau chaude tourmentée appelée café". "A midi, l'on mangeait du riz au mou, c'est-à-dire du riz cuit à l'eau et sans sel, dans lequel on avait écrasé 4 kilos de mou de veau pour 400 hommes. Le soir, du "jus" comme au matin". Mais le café est bientôt remplacé par la "papinette" c'est-à-dire de la farine délayée dans de l'eau sans sel.
Le témoin remercie les habitants du Quesnoy qui leur font parvenir de la nourriture et surtout des vêtements chauds "car beaucoup d'entre nous, se fiant à la parole donnée par les Allemands qu'il ne s'agissait que d'une simple formalité d'inscription, s'étaient rendus à la caserne de Saint-Quentin en simples habits de travail."

La chasse aux Anglais

La présence de soldats anglais dans la ville occupée

Au début de l’occupation de Saint-Quentin, à partir de la fin août 1914, des soldats anglais étaient encore présents dans le ville. Certains étaient blessés et se trouvaient au palais de Fervaques où, selon Elie Fleury, "on les laissait mourir, faute de personnel et d'objets de pansement". D'autres se trouvaient dans la ville car ils n’avaient pas eu la possibilité de fuir devant l'ennemi. Elie Fleury estime qu'il y en avait une centaine.
Des Français décidèrent de recueillir les Anglais qu’ils trouvaient dans la rue avant qu’ils ne se fassent arrêter. Pendant trois ans, une "chasse aux Anglais" fut organisée par les Allemands. "Ils en prirent quelques uns et les traitèrent en sauvages : ils en fusillèrent deux à Saint-Quentin et beaucoup aux environs ; mais il leur en échappa".

Témoignage recueilli par Elie Fleury

Elie Fleury reproche à certains Anglais d'avoir été imprudents et d'avoir ainsi mis en danger la vie des Saint-Quentinois qui les avaient accueillis.
Il nous raconte ainsi qu'après l'entrée des Allemands à Saint-Quentin un jeune homme recueille deux Anglais. Le premier l'a abordé sur place de l'Hôtel-de-Ville : "un homme vient à moi, tenant entre les doigts une cigarette éteinte : il me fait comprendre qu'il veut du feu. Je n'ai pas de peine à démêler que c'est un Anglais que, la veille, on a habillé n'importe comment puis flanqué à la rue, car c'est trop dangereux". Il repère le lendemain un autre Anglais qu'il accueille aussi chez lui.
« Tout aurait bien marché, si le premier Anglais avait été raisonnable ; mais, alors que son camarade ne sortait qu’en ma compagnie et le soir, lui, il se promenait perpétuellement en ville et il finit par se faire arrêter dans la journée du 15 octobre ». L'Anglais révèle aussi où il loge. La maison est alors envahie par les Allemands qui mettent en prison le jeune homme et son père. Ils sont jugés par un conseil de guerre et condamnés à dix ans de travaux forcés. Le père sera déporté à Werden, en Rhénanie du Nord-Westphalie qui est une région proche de la frontière française. Il sera gracié quinze mois après en raison de son âge (64 ans) et d'une intervention du maire de Saint-Quentin. Le fils fut déporté à Crefeld, une autre ville située dans la même région. Il ne sera délivré qu'après l'armistice.

Les réquisitions

Les réquisitions sont organisées dès le début de l'occupation par les Allemands. Les Saint-Quentinois ne sont pas surpris car ils ont connu l'occupation durant la guerre de 1870-1871 et ses nombreuses réquisitions.

Les réquisitions de marchandises

D'après Elie Fleury, nous pouvons voir que, vers la mi-septembre, les Saint-Quentinois ont été dépouillés de « peaux de la Halle aux cuirs (330 000 francs), 300 bicyclettes, 5 000 chemises, 5 000 caleçons, 5 000 paires de chaussettes, 5 000 tricots, du drap en pièce, des vêtements confectionnés, etc., etc. Il y en avait pour un million et plus. ». Cela montre que ces réquisitions sont massives et touchent des biens divers et variés.
Elie Fleury montre que les autorités municipales essaient sans cesse de négocier et d'atténuer l'ampleur des réquisitions. Il retranscrit ainsi un dialogue entre le maire M. Gibert et le directeur général des étapes qui a la responsabilité des réquisitions.
-Excellence, la ville de Saint-Quentin s'appauvrit de jour en jour : une semaine encore de ce régime et nous ne pourrons plus rien.
-Oh ! Nous trouverons bien les moyens d'obtenir ce qu'il nous faut.
-Pensez, Excellence, que la ville de Saint-Quentin compte 45 000 ouvriers et 5 000 riches peut-être, et encore sont-ils partis pour la plupart.
-Confisquez leurs biens et faites vous des ressources avec.
-La loi s'y oppose.
-Il n'y a plus de loi française.
L'intervention de la municipalité permet d'atténuer certaines réquisitions mais pas de les supprimer.
Les Allemands, dès novembre 1914, s'en prennent aux productions de l'industrie saint-quentinoise : C'est par la filature de M. Touron, sénateur, que la fête commence : 600 000 francs de coton ; puis 300 000 francs chez MM. Hugues ; 100 000 mètres chez Léon frères ; 500 pièces finies chez MM. Boudoux, etc... Chaque réquisition est précisée sur un document déposé en mairie : "Au 20 octobre, on en sera au numéro 8 000".
Les "réquisitions" portent parfois sur de petites quantités et ne semblent pas être motivées par la guerre : "Il y a de tout depuis le ballon de football jusqu'à un étui de préservatifs". "Les infirmières... se montrent d'une âpreté nerveuse...Les fourrures sont dévalisées d'abord puis tant d'aigrettes...tant de mètres de rubans et surtout tant de corsets."

Les réquisitions d'hommes

Les réquisitions peuvent aussi toucher les hommes et les otages. Nous pouvons prendre comme exemple la réquisition du 23 septembre 1914, où "on sonne et l’on affiche que tous les hommes de 18 à 48 ans devront se rendre à la Bourse du commerce à 7 heures du soir et que la ville sera frappée d’une pénalité de 500 francs par absence constatée".
Mais cette première réquisition n'aura pas lieu car on ne peut pas l'exécuter comme l'écrit Elie Fleury : "C'est inepte : le local ne recevrait pas les mobilisés d'un village moyen et commencer à 7 heures du soir une identification de cinq à six mille hommes !"
Elie Fleury écrit aussi que : "Les Allemands en reviennent à une très vieille coutume barbare, les otages". Trois notables, renouvelables tous les vingt-quatre heures, doivent être à disposition des autorités allemandes. Ils sont installés confortablement au-dessus de la pharmacie Brancourt, sur la place de l'Hôtel-de-Ville. Ils passent la journée à jouer aux cartes. Selon Fleury, "quelques Saint-Quentinois, qui ne sont pas désignés et qui s'en croyaient dignes par leur situation, sont un peu vexés". Mais ce système des otages ne dure pas longtemps (du 25 septembre au 14 octobre 1914).

La visite de Guillaume II

L'empereur Guillaume II

Guillaume II est né le 27 janvier 1859 à Berlin. De 1888 à 1918 , il est le troisième et dernier empereur allemand et le neuvième et dernier roi de Prusse. Après son abdication en 1918, il vit en exil aux Pays-Bas où il meurt le 4 juin 1941 à Doorn.
Il est venu plusieurs fois à Saint-Quentin au cours de la guerre. Elie Fleury raconte en détails sa première venue dans la ville, le 15 octobre 1914.

La préparation de la visite

Elie Fleury nous explique que la Kommandantur a choisi une belle maison située sur le côté est des Champs-Elysées pour accueillir l'empereur d'Allemagne. Les propriétaires, M et Mme Basquin, sont expulsés le matin même.

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Source : Elie Fleury Sous la botte - Illustration Paul Séret

Une armée de soldats tapissiers transformèrent la maison pour une visite qui n'allait durer que quelques heures.

Le déroulement de la visite

Dimanche 4 octobre 1914 :
-11 heures : la voiture de l'empereur arrive à Saint-Quentin par la rue de La Fère. Le cortège s'arrête rue de Lorraine devant la grande maison de Mme Edmond Testart qui est occupée par le commandant de la 2ème armée, von Bülow
-Déjeuner chez von Bülow
-Visite sur le front aux environs de Ham
-17 heures : Guillaume II est de retour
-20 heures : diner au "palais impérial" (maison de M et Mme Basquin)

Lundi 5 octobre 1914 :
-nouvelle visite sur le front
-12 heures : déjeuner
-14 heures : Guillaume II repart pour son quartier général de Mézières.

Le témoignage de Charles Basquin

Elie Fleury a recueilli le témoignage de Charles Basquin qui fut convoqué dans sa propre maison par Guillaume II avant de partir afin de le remercier pour son "hospitalité".
Il décrit Guillaume II comme une personne très soucieuse de son apparence physique : il tient sous son bras inerte (il souffre depuis sa naissance d'une atrophie de l'épaule gauche) son casque couvert d'un manchon gris. Il s'excuse pour ses bottes poussiéreuses ("Excusez-moi, c'est la guerre !").

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Source : Elie Fleury Sous la botte - Illustration Paul Séret

Il veut aussi plaire à son interlocuteur : "La denture est superbe et Guillaume II veut qu'on le sache car il rit à tout propos. Il parle le français sans accent et appuie tous ses arguments de gestes expressifs : on sent qu'il veut persuader, convaincre"
Il affirme qu'il a tout fait pour éviter la guerre : "J'ai retardé la mobilisation de quatre jours et donné des ordres formels à tous mes chefs d'armée afin de ne pas laisser mettre un pied sur le sol français ; le lendemain, je recevais dépêche sur dépêche m'annonçant que les Français entraient en Allemagne. Alors, j'ai marché, mais je vous répète que jamais je n'ai désiré la guerre".