Saint-Quentin en août 1914 › L'état d'esprit des Saint-Quentinois en août 1914

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mardi, mars 4 2014

L'état d'esprit des Saint-Quentinois en août 1914

Le souvenir de la guerre de 1870

Au début de la Première guerre mondiale, en août 1914, les Saint-Quentinois étaient préparés à une guerre contre les Allemands, et cela depuis la guerre de 1870. Cette guerre, qui avait commencé en juillet 1870 pour s’achever en janvier 1871, est catastrophique pour la France. Les Français étant mal préparés et mal commandés, ils sont sévèrement battus dans plusieurs batailles.
Durant cette guerre, une bataille, qui est encore présente dans les esprits en 1914, a eu lieu à Saint-Quentin : les Saint-Quentinois ont repoussé un détachement allemand mais la ville est envahie et occupée après la défaite du général Faidherbe au moulin de Tous-Vents, à Gauchy, le 19 janvier 1871. Comme une partie du Nord de la France, Saint-Quentin est occupée par les Allemands pendant huit mois.

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Source : Bibliothèque Municipale

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Source : Bibliothèque Municipale

Les Français, après cette guerre, se sentent humiliés : la France perd l’Alsace et une partie des départements lorrains et doit payer cinq milliards de francs-or à l’Allemagne. C’est pourquoi certains Français développent un esprit revanchard après 1870 et attendent une nouvelle guerre comme Elie Fleury :
« Depuis quarante-quatre ans, je me demande, je ne dis pas quatre fois par jour, mais bien souvent, ce que nous ferons, ce que nous deviendrons, ce que nous penserons quand l’inévitable guerre aura lieu »

Un monument est élevé pour commémorer la bataille du 8 octobre 1870. La ville de Saint-Quentin est représentée par une ouvrière au rouet et à la quenouille qui soutient un défenseur blessé à mort. Le monument est inauguré en 1881 place du Chemin de Fer qui prend désormais le nom de place du 8 octobre.

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Source : Archives Municipales

Le déclenchement du conflit

L’ordre de mobilisation est affiché partout dans la ville :

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Source : Musée de l'Armée

Les services sont réorganisés : moins de tramways, la circulation sur les routes est interdite du soir au matin. Toute la vie de la cité est concentrée sur la Grand'Place dans l’attente de nouvelles. Elie Fleury montre cependant la confiance des Saint-Quentinois au début du conflit. La plupart passe l’après-midi du dimanche aux Champs-Elysées. On peut relever « comme d’habitude, les vieux sont assis sur les bancs», « je passe l’après midi du dimanche sous le marronnier », « les enfants jouent sur le large trottoir ».
On remarque qu’il s’agit de trois générations différentes : «les vieux», l'auteur et «les enfants». Aucune des trois ne semble inquiète par ce qui arrive.
La confiance des Saint-Quentinois est particulièrement visible au moment du passage des troupes anglaises en gare de Saint-Quentin à partir du 13 août : elles vont sur le front entre Mons et Maubeuge.
L’auteur décrit des « locomotives enguirlandées » et des habitants qui offrent du thé aux soldats. La vue des convois rassure les Saint-Quentinois : « ce sont des escadrilles et leur immense matériel, des ambulances auxquelles il ne manque rien, où tout est reluisant, neuf, confortable, des camions énormes, des chevaux incomparables ».
Jusqu’au 20 août, quatre-vingt deux trains chargés d’Anglais passent en gare de Saint-Quentin.