La saga du 2ème classe Gaston Vasseur: Landerneau

Après avoir été jugé apte au service, Gaston Vasseur est envoyé à Landerneau dans le Finistère afin d'y faire ses classes. Voici quelques extraits de sa correspondance échangée avec sa famille restée à Beauval.

14 décembre 1914: première lettre de Gaston Vasseur à sa famille. Dans cette lettre on apprend qu'un certain Louis (un cousin ?) se trouve lui aussi à Landerneau dans la même maison et la même pas compagnie mais pas dans la même escouade. Gaston n'est pas seul car il retrouve quelques amis ou connaissances de son village. Avant de se rendre à la caserne, il est allé déposer ses affaires qu'il ne peut garder avec lui chez Madame Déniel qui tient le café du Nord. On apprend aussi que c'est le caporal Thiery qui sera son supérieur hiérarchique ("un bon petit type"). Selon les informations de Gaston, il ne devrait pas partir au front avant deux mois. 

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18 décembre 1914: carte postale de Gaston Vasseur relatant son arrivée à Landerneau dans le Finistère 

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Carte postale de la caserne de Landerneau:

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22 décembre 1914: Gaston s'ennuie et s'inquiète car il ne reçoit pas de nouvelles de sa famille. Il se pose des questions comme par exemple si l'armée a été réquisitionnée une vache chez ses parents ou si sa mère devait héberger des soldats à la maison.

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25 décembre 1914: Dans cette carte postale Gaston se dit soulagé de savoir son frère exempté du service militaire. Parmi les détails, on apprend qu'il a acheté une brosse à habit et une autre à chaussures. On apprend aussi l'existence d'un cousin Émile, lui aussi, mobilisé et proposé au ravitaillement de 2ème ligne à la 25ème compagnie du 128ème régiment.

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25 décembre 1914 : Cette fois-ci une lettre dans laquelle il continue de décrire minutieusement à sa famille son emploi du temps. Contrairement aux courriers de ce genre on apprend dans celle-ci qu'était organisée parfois des fêtes en l'honneur des soldats blessés. Autre thème de prédilection de Gaston: les réformés. Souvent dans sa correspondance il parle de ces "chanceux" et il en profite toujours pour glisser un petit mot à son frère Georges qui a réussit à échapper au service. Ces petits mots sont toujours gentils mais on ne peut s'empêcher de sentir la petite pointe d'envie, voire jalousie, derrière ses remarques, sans doute, loin d'être anodines. Toute la lettre est quand même marquée par beaucoup de questions posées à sa famille. On sent Gaston Vasseur très inquiet et désireux d'obtenir souvent des nouvelles de sa famille. Son stress, son angoisse sont palpables.

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27 décembre 1914: Dans cette lettre, Gaston Vasseur nous apprend son changement de logement. Le voici très bien logé à l'hôtel de Bretagne même si ses camarades et lui se sentent un peu serré. Le samedi, il est allé entre 16h et 18h avec sa compagnie à la gare pour rendre les honneurs au détachement de Landerneau qui partait au front. 

On a aussi plus de précisions sur des détails comme le prix exacts des brosses qu'il a acheté (0,40 pour sa brosse à habit et 0,30 pour celle à chaussures). Il n'a toujours pas reçu son fusil. En revanche, il nous parle du lieutenant de sa compagnie qui ne lui est pas étranger car il est allé à l'école avec lui. Cet homme, porteur de viande dans le civil, se prénommait Élie Boutin. Encore une fois, il revient sur l'exemption de son frère et fait une allusion étrange à la fin de sa lettre en parlant du "métier des ..." pour désigner son métier de soldat.

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29 décembre 1914: Lettre type de Gaston Vasseur car on y trouve beaucoup de redites. Il veut rassurer sa famille et peut être se rassurer lui-même en détaillant toutes ses habitudes. Parmi les informations de la vie de soldats, on apprend qu'ils n'ont pas de draps pour dormir et c'est toute un cérémonial et une organisation que nous décrit Gaston Vasseur afin de pouvoir se coucher le plus confortablement possible. Il y a encore une fois une allusion à la chance de son frère d'être à la maison. En cette fin veille de fin d'année, Gaston Vasseur a le mal du pays et on ressent toute son émotion quand, à la fin de sa lettre, il avoue pleurer lorsqu'il lit le courrier qui lui est envoyé.

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1er janvier 1915: Mardi comme assez souvent Gaston Vasseur est passé devant le conseil de réforme. Mercredi il a été faire estimer ses habits civils car il n'est pas certain de les retrouver par la suite. Le reste de son emploi du temps est encore consacré à l'entrainement avec des exercices le matin et un service en campagne l'après midi. Lors d'une de ses permissions, il en a profité pour faire mettre des clous à ses souliers pour 2 sous. Il n'a toujours pas reçu son fusil et n'est pas astreint à des corvées ou autres consignes. Quelques-uns de ses camarades ont été changés d'unité. Cela arrivait régulièrement visiblement.

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3 janvier 1915: Cela fait plus de 16 jours que Gaston Vasseur a quitté sa famille restée à Beauval. Dans cette lettre il leur fait une véritable déclaration d'amour familial: "mon corps est en Bretagne mais mon coeur est à Beauval". Il pose toujours autant de questions à sa famille sur ce que deviennent les gens du village. Selon lui, si on les garde en caserne c'est juste pour "qu'on s'habitue à la nourriture et au coucher..."

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5 janvier 1915: Cette lettre, comme bien souvent, est adressé à sa mère. Le matin est consacré à des exercices et l'après midi c'est du tir. Il continue de voir son cousin Louis et ses anciens camarades. Ils font aussi des exercices la nuit mais il dit ne pas voir les flaques et les romarins. Il a quitté la 13e escouade pour la 14e. Dans sa nouvelle escouade, il n'y a pas de paillasses pour tout le monde et ils sont obligés de se serrer. Il se plaint aussi du trop grand nombre d'escaliers pour rejoindre le 4ème étage.

Son moral semble bon. Fait intéressant, il témoigne de l'arrivée quasi quotidienne de chevaux et de pièces d'artillerie qui débarquent au port en provenance du Canada. Il garde espoir car son commandant leur a dit qu'ils ne devaient pas être mobilisable avant 15 jours.

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7 janvier 1915: Détails sur les exercices réalisés en campagne. Il y a aussi eu une distribution de fusils et un cours pour s'en servir. Il est content car la corvée d'aller à la poste lui a permis d'éviter l'exercice de tir sous la pluie. Leurs affaires civiles leur ont été rachetées. Il a touché 22,50 francs et il lui reste sa couverture, son cache-nez et son passe montagne.

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Le même jour (7 janvier 1915) nous avons aussi une autre lettre qui décrit encore des entrainements notamment à côté d'une usine électrique où les prisonniers allemands travaillaient. L'après midi a été en partie consacrée à la décoration de deux lieutenants qui reçurent la légion d'honneur.

Pour 2 francs, il dit aussi avoir passé la commande de 6 cartes postales le représentant en soldat.

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10 janvier 1915: Il dit avoir reçu la lettre que sa famille lui a envoyé le 4 janvier. Il évoque une possibilité de repartir dans la Somme en garnison. Dans cette lettre, il énumère aussi le sort de ses connaissances de Beauval qu'il côtoie à Landerneau. Il cite aussi le nom de ses nouveaux camarades qui viennent, eux-aussi, de la Somme.

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11 janvier 1915: Carte postale illustrée par l'église St Houardon de Landerneau. Cela fait un mois que Gaston a quitté sa famille. Sa journée a été surtout consacrée au repos et à sa deuxième vaccination. L'espoir que tout sera bientôt fini est très présent dans la carte postale. C'est une thématique récurrente dans la prose de Gaston.

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15 janvier 1915: Lettre sans grand intérêt à part ses interrogations sur le prix du blé. Il en profite pour faire le tour des membres de sa famille.

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17 janvier 1915: Carte postale montrant l'hôtel où Gaston logeait avec eau à volonté ! La vie à Landerneau semble lui convenir. Il achète du chocolat pour 18 sous la 1/2 livre, le bon beurre à 20 sous la 1/2 livre, du fromage... Il dit aussi que la viande le dégoute. On a aussi des précisions sur l'organisation de ses journées à la base où il enchaine les exercices, les revues d'armes et de vêtements, le service de propreté etc. Toutes les semaines, il en profite aussi pour se faire laver et raser.

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24 janvier 1915: Gaston Vasseur s'inquiète auprès de sa famille de la récolte. Il se raccroche à la réalité de la ferme. Les exercices et les revue de matériel se succèdent. Ils ont même du aller secouer les couvertures car, apparemment, la promiscuité entraine des problèmes d'hygiène. Faut-il y voir là une allusion aux poux ? En tout cas, Gaston ne se plaint pas de ses camarades qu'il juge propre. La semaine dernière son caporal est parti en permission et il nous précise que deux de ses sergents sont originaires d'Abbeville. Il souhaite vraiment récupérer ses photos faites en carte postale mais doit renoncer car tous les jours il y a trop de monde.

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26  janvier 1915: Lettre classique sur la forme avec toujours les détails sur ses occupations. Il a été vacciné pour la 4e fois. On leur a annoncé qu'un détachement doit quitter la caserne le 3 février pour renforcer le 148ème régiment à Nantes. Il est optimiste car selon ses informations ils ne seraient pas encore prêts. À Landerneau, il se sent en sécurité et espère y rester le plus longtemps possible. À ce moment là, il ne sait pas encore, mais le départ est proche pour lui.

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28 janvier 1915: Gaston Vasseur est encore à Landerneau mais plus pour très longtemps. Il continue avec ses camarades à s'exercer à creuser des tranchées et à diner en bivouac. La nouvelle tombe. Une douzaine de ses camarades doivent partir pour rejoindre Nantes et le 148e. Lui aussi doit partir mais pour être rattaché au 147ème à St Nazaire. Les choses se précipitent pour Gaston Vasseur même si cela était dans l'ordre des choses. Ce n'est pas encore le front qui l'attend mais l'échéance se rapproche.

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