Extraits du journal d'un 2ème Lieutenant anglais durant La Grande Guerre de 1917 à 1919.

George Brigham est un anglais qui, à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, a décidé de retracer le chemin que son grand-père avait pris en tant que soldat du 7ème bataillon du "Royal West Kent Regiment". 
Sur ces plans, qu'il a dessinés et annotés, il précise chaque lieu où son grand père est passé et chaque date correspondante. Récemment, il a même suivi ces plans pour refaire à pied le même trajet, près d'un siècle plus tard ! 
George Brigham possède également le journal personnel de son grand-père dont voici quelques extraits :

Albert_carte_3.jpg

Travail réalisé par Lorie Pocholle et Éva Kazmareck

CHAPITRE 4

La Bataille de la Somme
carte 2

A) Bois de Vadencourt et Swan Trench

Albert semblait mort. Il n’y avait bien sûr pas de civils et nous ne parvenions pas à distinguer le moindre mouvement de l’ennemi à l’intérieur des bâtiments ou le long des rues. Il n’y avait pas non plus de trace du régiment des Royal West Surreys devant nous. Je me demandais comment ils faisaient pour avoir des repas chauds puisqu’aucun moyen de transport ne pouvait les approcher. Mais les ruines ne manquaient pas autour d’eux et je ne pouvais que deviner qu’ils lesutilisaient pour cuisiner et pour la distribution. De toute façon, ils ne se déplaçaient que la nuit alors il était impossible de voir quoi que ce soit.

 

Apparemment, les allemands avaient été extirpés d’Albert et occupaient maintenant un réseau de tranchées juste à l’extérieur de la ville et au sud-est. La 53e brigade eut la tâche de les chasser.

Une ligne de front de 10 miles (entre Arras, à 20 miles au nord-est, et Péronne, à 10 miles au sud-est) allait exploser le matin du 23 août. Le but était d’aplatir la poche d’Albert pour créer une ligne droite d’Arras à Péronne. De cette façon, une ligne de front de 30 miles de long ne ferait plus que 20 miles environ et était ainsi plus adaptée aux besoins des troupes. Cela devait être fait par la 18e division avec l’aide des Anzacs vers le sud. La poussée principale de la 53e Brigade aurait lieu vers le nord et le sud d’Albert, avec des attaques pour faire diversion de chaque côté.

 

B) Albert- 22 / 23 Août 1918.
La reconnaissance ( carte 3 )

 Sans_titre.jpg

Mon 1er choc eut lieu quand le Capitaine Cobb m’ordonna de partir en reconnaissance pendant la nuit du 22 août pour localiser la ligne de départ et si les allemands en étaient proches et je devais ensuite mener la compagnie jusqu’à leur position. Je devais être accompagné de mon ordonnance et de celui de la compagnie. C’était loin de me plaire! En fait, cela ne me plaisait pas et j’ai tout gâché. 

 

Le 22 août, à l’aube, le ciel était nuageux et la pluie menaçait mais il ne tomba une légère bruine qu’à l’heure du thé. Les armes et les munitions étaient vérifiées et des cartouchières supplémentaires distribuées aux tireurs. Toutes les charges inutiles (valises, sacs et paquets, etc…) furent marquées et stockées à l’intérieur des lignes de transport. Les hommes portaient des musettes plutôt qu’un paquetage sur leur dos lorsqu’ils allaient en action.

 

Nous étions sur le point de traverser la route lorsque nous eûmes la surprise de voir une silhouette émerger de l’obscurité et descendre la route en direction d’Amiens. Lorsqu’il fut plus près de nous, nous avons vu que c’était un soldat australien en uniforme mais sans casque. Il portait un chapeau mou et n’avait même pas de masque à gaz ce qui, à l’époque, était obligatoire en toute circonstance. Je l’appelai mais il continua péniblement sa route, les mains enfoncées dans les poches, complètement trempé (il ne portait pas de manteau) et l’air misérable. Dieu seul sait ce qu’il faisait là tout seul mais il semblait évident qu’il retournait rejoindre les Anzacs.

 

Je ne suis pas très fière de l’épisode suivant mais je ne peux que me disculper en le mettant sur le compte de l’inexpérience et de la jeunesse. Jusqu’alors, je n’avais même jamais vu un soldat allemand, mort ou vif. Mais je ne vais pas esquiver ce récit car il s’intègre bien à cette histoire. Ce n’est pas la faute du Capitaine Cobb car il n’y avait pas d’officiers expérimentés dans la compagnie parmi lesquels il aurait pu choisir.

 

Il ne fallait pas trainer là alors nous avons tourné à l’est dans le vieux verger et nous avons couru vers une haie que l’on distinguait tout juste dans l’obscurité. Alors que nous courions, nous entendîmes un sifflement et l’explosion d’un obus fit tomber Brown. Jones et moi l’avons aidé à se relever mais il était évident que bien qu’il ne soit pas blessé, il était choqué. Nous l’avons transporté tout recroquevillé et l’avons déposé dans un fossé peu profond près d’une haie. Il pleurait et se plaignait et était complètement perdu. Il tremblait de fièvre et avait des convulsions. Nous étions dans de sales draps. Je n’avais aucun moyen de savoir où se trouvait le poste du West Surrey le plus proche où nous aurions pu le laisser. Je devais continuer la reconnaissance.

 

Il y avait des débris de la guerre tout autour, même les cadavres étaient encore visibles dans les trous d’obus remplis d’eau et la puanteur était horrible. Hormis les bombardements, tout était aussi silencieux qu’une tombe et il n’était pas loin de  0100 heures. Nous nous sommes levés et, portant Brown entre nous deux, nous avons marché droit devant nous, espérant tomber sur les Royal West Surreys. Mais nous avons atteint la route Albert-Péronne qui traversait notre front sans rencontrer quiconque.

 

Nous avions des bouteilles d'eau remplies de thé chaud avant de partir, j'ai donc décidé de laisser Brown se reposer un peu et de lui laisser une gorgée ou deux. Il s’est calmé et bien que le thé était tiède , il semble lui avoir fait du bien. Les ruines d'un hangar à proximité offraient une certaine couverture , donc nous avons déménagé et sommes restés environ 15 minutes - alors que je suis resté perplexe sur la meilleure chose à faire .

 

Brown a dit qu'il était désolé et j'ai pensé que finalement il ne pouvait pas en faire plus , nous nous sommes levés et avons rampé le long du fossé de la route , j'ai essayé de discerner quelque chose qui pourrait me donner une piste. Tous nos mouvements ont dû être très furtif et lent, comme nous n'avions aucune idée où les Allemands étaient.

Comme je n'avais pas envie d'entrer dans Albert et que je devais descendre la route de Péronne , nous avons traversé et et sommes entrés dans un autre verger , ce qui était notre perte . Ici, le lieu a été piqué avec des trous d'obus profonds qui se chevauchent les uns les autres . Quand nous avons commencé , nous avons entendu la prochaine straddle d'obus qui traversent , et nous étions découverts. La seule couverture était  un trou d'obus , nous nous sommes jetés dedans, il était rempli avec de l'eau stagnante et sale et sentait le gaz. Un obus a atterri, à  environ 5 yds de nous. Il a creusé lui-même profondément dans la boue et a explosé , nous devions nous sortir de la tous les trois, dans notre propre trou et le dépôt d' un côté, où il y avait un couple de cadavres pourris. Jones et moi étions sains et saufs si fortement ébranlée , mais c'était la fin pour Brown.

 

 

Texte original : 

Albert appeared to be dead to the world. There were of course no civilians and we could not discernany movement of the enemy within the buildings or along the streets. There was also no sign of the Royal West Surreys to our front. I could not imagine how they got hot meals, as no transport could get near them. But they had some ruins available in their locality, and I can only infer that these wereused for the purpose of cooking and distributing. Anyway all movement took place at night so it was not possible to observe anything

 

Apparently the Germans had been winkled out of Albert and were now occupying a trench system just outside the outskirts of the town, and to the south east of it. It was going to be the job of the 53rd Brigade to drive them out.

A front of about 10 miles (between Arras, 20 miles to the north east, and Peronne, 10 miles to the south east), was going to erupt on the morning of 23rd August. The purpose was to flatten the Albert bulge into a straight line from Arras to Peronne. In this way a front line of some 30 miles long would be shortened to one of some 20 miles in length, and thus conserve troop requirements. This was to be carried out by the 18th Division with help from the Anzacs to the south. The main drive by the 53rd Brigade would occur to the north and the south of Albert, with diversionary attacks on either flank.

 

I received my first shock when Capt Cobb ordered me to make a reconnaissance  during the night of 22nd August to locate the starting line and the proximity of the Germans to it, and then lead the company to their position. I was to be accompanied by my batman and company orderly. This did not thrill me at all!   In fact I was not amused and I made a hash of it.

 

1The morning of the 22nd August dawned cloudy with a threat of rain, but this held off until about tea time, when a gentle drizzle started. Arms and ammunition were checked and extra bandoliers of ammunition distributed to the riflemen. All unwanted clobber (valises, kit bags, packs etc) was marked and stacked in the transport lines. Men usually carried a haversack in place of the pack on the back, when going into action.

 

We were on the point of crossing the road, when we were startled to see a figure emerge from the gloom and make its way down the road towards Amien. When it got near we saw that it was an Australian soldier in uniform but without any tin hat. He wore the slouch hat and of his equipment, there was not even a gas mask - which was a must everywhere, in those days. I called out to him but with hands deep in his pockets and dripping wet (he wore no greatcoat) and looking miserable, he just continued on his way plodding down the road. What he was doing there heaven alone knows, but he was obviously on his way back to join the Anzacs. 2

 

I am not very proud of the following episode, but can only excuse myself on the grounds of inexperience and youth. So far I had not even seen a German soldier alive or dead. But I am not going to shirk the account of it, as it all fits in with the story. There is no blame attached to Capt Cobb, as there were no experienced officers in the Company, from whom to select.

 

This was no place to linger, so we turned east into the old orchard and ran towards a hedgerow just discernable in the darkness. As we ran another straddle whistled down, and the blast from one shell knocked Brown head over heels. Jones and I picked him up, but it was evident that although physically undamaged, he was suffering from shell shock. We carried him all curled up and deposited him in a shallow ditch near a hedge. He was crying and wimpering and completely at his wits end. He shivered with ague and gave convulsive jerks. This was the devil of a position to be in. I had no way of knowing the location of the nearest West Surrey post where we could have left him, and I had to get on with the reconnaissance.

 

All around was the debris of war, even dead bodies were still discernable in the water filled shell holes and the stench was appalling. Except for the shelling everything was as quiet as the grave, and it was getting on for 0100 hrs. We got up and carrying Brown between us, we set out ahead hoping to come upon the Royal West Surreys. But we reached the main Albert-Peronne road which passed across our front, without meeting anyone.

Commentaires

1. Le mercredi, 10 décembre 2014, 11:19 par cena ligera

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