Personne n’est parfait, on a tous un défaut, une manière d’être qui nous différencie les uns des autres et nous plonge dans l’erreur. L’erreur est humaine mais comme l’a dit Coluche, l’ « horreur est humaine ».

             Un être, informe, laid, maladroit, ne savait s’y prendre avec les femmes et pour tout vous dire, les effrayait.

Comme tout homme, la vue d’une belle et élégante représentante de la gent féminine l’hypnotisait et elle devenait ainsi l’objet de ses désirs. C’est pourquoi il la suivait dans les angles des rues ne sachant comment l’aborder. Dés qu’il s’approchait de la belle, elle fuyait en voyant son infâme visage. Le pauvre souffrait de ce mal mais il avait soif de ces femmes, pourtant inaccessibles. Il la retrouvait alors, la piégeait, lui disait des mots doux. La femme hurlant, essayait de fuir, en vain, l’être informe la tenait fermement par les poignets, l’empêchant ainsi de partir. De toute sa maladresse, l’être ne se rendait pas compte de sa force et les lui brisait. Il s’en voulait alors terriblement et elle criait de douleur, pour la faire taire, il mettait sa main sur son visage. La jeune femme étouffait, il avait bientôt entre les mains un corps mou, inanimé, que la vie avait quitté. Effaré, l’homme ne savait que faire, il allait déposer la dépouille près d’une route. Chaque soir la même histoire se répétait, encore et encore. L’être maladroit remarqua que le paysage de son « cimetière improvisé » devenait de plus en plus macabre, la végétation devenant rare et le ciel perdant peu à peu son bleu. Plus l’être commettait de meurtres plus une force mystérieuse l’empêchait de quitter le lieu où s’accumulaient ses victimes. Au bout du cinquantième crime, l’infâme ne put repartir, il se figea sur place, devenant peu à peu pierre.

            Il demeura ainsi pour l’éternité car le mal qu’il avait fait ne pouvait s’effacer. La souffrance qu’il avait fait endurer aux familles en leur enlevant un être aimé ne peut en aucun cas être pardonnée. De ce châtiment, l’être subit humiliation et souffrance. Afin d’éviter le recommencement de tels péchés, l’endroit restera sacré. De génération en génération l’on divulguera l’histoire aux petits garçons, de façon à leur  apprendre que même si votre physique est disgracieux, il y aura toujours quelqu’un pour vous aimer comme vous êtes, si vous lui adressez le respect mérité et que jamais vous ne la brusquez.

Marie Heysen, TL, (2010)