Catalogue de l'exposition, sous la direction de Jean-Marc Chatelain et Gennaro Toscano, Bibliothèque nationale de France, 2024.

Dates de l'exposition : 20 février - 16 juin 2024 (Bibliothèque Richelieu).

Quelques informations sur le contenu de cette magnifique exposition et présentation du plan de travail sur l'oeuvre de Marot.

Quatrième de couverture du catalogue de l'exposition :

Du XIVe au XVIe siècle, l'Europe est le théâtre d'une effervescence intellectuelle et artistique que la postérité a consacrée sous le nom de Renaissance. Venu d'Italie, l'humanisme en est le moteur. Sa paradoxale modernité tient au fait qu'il crée du neuf en prétendant faire retour au passé reculé du monde antique grec et latin : les lettrés entreprennent de reconstituer le legs de ses textes littéraires, philosophiques et scientifiques, les artistes s'efforcent de faire revivre ses formes, les princes puisent à son prestige les termes d'une nouvelle affirmation de leur puissance.

De ce grand changement culturel, le livre est l'instrument central, tant comme véhicule du savoir que comme objet de luxe et de collection. À travers l'histoire de la chasse aux manuscrits anciens, du travail de leur copie et de leur édition, de l'entreprise de leur réunion dans des bibliothèques prestigieuses, ainsi que par la mise en lumière des liens étroits que l'art du livre entretient avec l'ensemble des manifestations artistiques du temps (peinture, sculpture, art de la médaille et de la reliure, gravure et dessin), il s'agit ici de pénétrer dans l'univers de pensée des humanistes de la Renaissance pour mieux comprendre les ressorts d'un mouvement qui a infléchi de manière décisive le destin culturel de l'Occident.

Sur l'exposition, consultez le site de la BnF.


Cours d'histoire littéraire : littérature du XVIe siècle / Cours sur le genre poétique

À associer - pour le cours et pour la préparation à la dissertation - au programme de lecture des colles sur la poésie.

Clément MAROT, L’Adolescence clémentine, éd. Gallimard, coll. « Poésie / Gallimard » (édition de Frank Lestringant). ISBN : 978-2070345304.


HISTOIRE LITTÉRAIRE

La Littérature de la Renaissance

L’Adolescence clémentine (1532), de Clément MAROT :

LE RIRE DE LA POÉSIE

De Boileau à Nerval (1), du XVIIe au XIXe siècles, critiques et poètes s'accordent à voir en Clément Marot un des pères de la poésie française. Son élégant badinage (Boileau), sa grâce (La Fontaine, Nerval), son style naturel (La Bruyère), sa virtuosité et sa gaieté (Théodore de Banville) ont contribué à sa popularité et ont fécondé bien des oeuvres postérieures, dans l'inspiration et dans le ton. Rimailleur, irrévérencieux et très raillard, son art de la gaudisserie s'illustre en des formes et des registres poétiques multiples et, par le biais de la parodie et de la satire, manie l'ironie avec une efficace et audacieuse subtilité. Valet de chambre du Roi et poète officiel, trop inféodé au pouvoir, selon Victor Hugo, il prit cependant des risques et en paya parfois durement le prix. Notre étude tentera de cerner la richesse de sa production poétique, qui va de la transformation de l'héritage des Grands Rhétoriqueurs au maniement inventif et personnel de la chanson, en passant par la traduction (par exemple de la première églogue des Bucoliques de Virgile), au poème étonnant du Temple de Cupido, influencé par le Roman de la Rose...

(1) Dans son œuvre intitulée La Bohême galante (1852), Nerval se livre à une réflexion générale sur Les Poètes du XVIe siècle, où sont notamment commentés quelques grands principes de la Défense et illustration de la langue française. Le XIXe siècle poétique a en effet recherché une source d’inspiration dans la poésie de la Renaissance en générale, et dans la poésie de Ronsard en particulier, sans que Marot soit oublié (voir également : Sainte-Beuve, Tableau historique et critique de la poésie française au XVIe siècle, 1828). Vous lirez ce texte fort intéressant dans les deux éditions suivantes : Gérard de NERVAL, Œuvres, éd. Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1986, pages 937-957, et à partir de la page 942, pour l’analyse de la Défense. Et Gérard de NERVAL, Œuvres complètes, éd. Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», tome III, 1993, pages 244-264, et à partir de la page 249, pour l’analyse de la Défense.


TRAVAUX : les références renvoient à l’édition de Frank Lestringant, Gallimard, «Poésie», 2007. Attention : le corpus est délimité par les pages 41-241.

Ce programme de travail ne contient que des propositions. Il ne constitue pas en lui-même le plan du cours. Des précisions supplémentaires sur les travaux à mener seront données en classe.

1. Exercices préalables (cf. bibliographie) : De ce recueil d’œuvres de jeunesse – l’adolescence, l’un des cinq âges de la vie depuis les Romains, étant comprise entre quinze et trente ans – Marot dit lui-même dans sa préface (p. 45) qu’il n’est « autre chose qu’un petit jardin, que je vous ai cultivé de ce que j’ai pu recouvrer d’arbres, d’herbes et de fleurs de mon printemps. ».



a) Il est d’abord indispensable de se renseigner sur notre poète et de le situer, à l’aide d’un manuel scolaire ou du Dictionnaire des Lettres françaises du XVIe siècle, par exemple, dans l’histoire de la poésie. Il est tout aussi nécessaire de connaître le contexte politique et religieux du règne de François Ier, si l’on veut bien comprendre ce qui se dit, par exemple, dans les épîtres IX et X (Marot accusé d’avoir mangé du lard en carême et jeté en prison au Châtelet).

b) Vous pourrez ensuite lire, crayon en main, la « préface » de Franck Lestringant, responsable de l’édition de L’Adolescence clémentine chez Gallimard. Vous vous familiariserez par la même occasion avec votre livre, en remarquant qu’il contient d’autres œuvres de Marot, dont la lecture est recommandée : L’Enfer, Déploration de Florimond Robertet et Quatorze Psaumes.

c) Exposé : Pour avoir quelques lumières sur l’intertexte de L’Adolescence clémentine (travail en petits groupes possible) : l’héritage médiéval avec, notamment Le Roman de la Rose ; la poésie de François Villon, en lisant les poèmes célèbres du Testament ; la tradition pétrarquiste, et l’art poétique des Grands Rhétoriqueurs, que pratiqua assidûment Jean Marot, le père de notre poète, lui-même Grand Rhétoriqueur.

d) Vous ne manquerez pas de consulter les éléments importants du paratexte éditorial : la chronologie (p. 321-334), la note de poétique de F. Lestringant (p. 335-342) sur les formes poétiques, la métrique et les rimes propres à notre recueil, les notes qui éclaircissent ou commentent tel mot ou tel passage des poèmes (p. 343-390) ainsi que le glossaire (p. 391-400).

Tout au long du cours :

e) Afin de mieux comprendre la « rhétorique » de Marot, vous penserez à feuilleter Les Figures du discours (éd. Champs-Flammarion), de Pierre Fontanier, le Gradus (éd. 10/18), de Bernard Dupriez, ainsi que Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance édités au Livre de poche par Francis Goyet. On consultera également avec profit les deux ouvrages suivants : AQUIEN, Michèle, Dictionnaire de poétique, Le Livre de Poche, 1993, 344 p. (« Les Usuels de Poche » n° 8073) et MOLINIÉ, Georges, Dictionnaire de rhétorique, Le Livre de Poche, 1992, 350 p. (« Les Usuels de Poche » n° 8074). Vous chercherez dans ces dictionnaires la définition des genres et formes poétiques suivants : épître, complainte, ballade, rondeau, chanson, élégie, par exemple.



2. Synthèse : Quelles remarques pouvez-vous faire sur la composition du recueil ? Comment le recueil s’est-il constitué ? Quels en sont les « genres poétiques » ? Quels registres ou tonalités y sont à l’œuvre ?

3. Synthèse : En quoi consiste l’art de la raillerie (« gaudisserie ») dans L’Adolescence clémentine ? De qui et de quoi le poète se moque-t-il ? De quelle(s) manière(s) ?

4. Synthèse : Qu’est-ce qu’un « rondeau » ?

5. Explications de texte : « Rondeau I », p. 175. Et « Rondeau parfait », p. 216.

6. Synthèse : Une partie de L’Adolescence clémentine s’intitule « Chansons » (pp. 219-241). Qu’est-ce qu’une chanson poétique et quelles en sont les différents aspects dans cette section ? Vous trouverez matière à réflexion dans GOYET, Francis, Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance édités au Livre de poche (cf. « L’art poétique » de Thomas Sébillet) et dans BUFFARD-MORET, Brigitte, La Chanson poétique du XIXe siècle – origine, statut et formes, éditions des Presses Universitaires de Rennes, 2006, notamment aux pages 69-76, qui sont consacrées à Marot.

7. Explication de texte : « Ballade V », pp. 156-157.

8. Explication de texte : « Épître IX » « Marot à Monseigneur Bouchart », pp. 126-127.

9. Explication de texte : « Épitaphe XIII », « De Jehan Serre », pp. 146-147.

10. Synthèse : Quelle place l’amour occupe-t-il dans L’Adolescence clémentine ?

(...)


Indications bibliographiques

Édition de référence :

Clément Marot, L’Adolescence clémentine, éd. Frank Lestringant, Gallimard, «Poésie », 2007, p. 41-241, ISBN : 978-2-07-034530-4.

Sur MAROT :

SAINTE-BEUVE, Panorama de la littérature française (portraits et causeries), éd. Le Livre de Poche, coll. « La Pochothèque ».

DEJEAN, Jean-Luc, Clément Marot, Fayard (biographie).

Consulter les articles consacrés à notre poète dans différents dictionnaires dont le Dictionnaire des Lettres françaises du XVIe siècle.

Sur L'Adolescence clémentine :

LESTRINGANT, Frank, Clément Marot de L'Adolescence à L'Enfer, Paradigme, 2006.

Sur MAROT et la poésie de la Renaissance :

WEBER, Henri, La Création poétique au XVIe siècle en France, Nizet, 1955.

RIGOLOT, François, Poésie et Renaissance, éditions du Seuil, coll. « Points », 2002.

Œuvres de poètes antérieurs et contemporains :

Cf. les conseils de lecture dans le billet du 28 décembre 2020 intitulé Lire en Hypokhâgne : Pétrarque, Villon, les Grands Rhétoriqueurs, Du Bellay, Ronsard, entre autres …

Sur le XVIe siècle littéraire :

AULOTTE, Robert (sous la direction de) : Précis de littérature française du XVIe siècle, Presses Universitaires de France.

La langue du XVIe siècle :

FRAGONARD, Marie-Madeleine, et KOTLER, Éliane, Introduction à la langue du XVIe siècle, Nathan / Université, coll. « 128 », 1994.

GOUGENHEIM, Georges, Grammaire de la langue française du XVIe siècle, éd. Picard.

HUGUET, Edmond, Dictionnaire de la langue française du XVIe siècle, éd. Champion, en 7 volumes (1925-1966).

GREIMAS, A., Dictionnaire du Moyen français, éd. Larousse.

Versification :

Pour une initiation :

AQUIEN, Michèle, La Versification appliquée aux textes, Nathan / Université, coll. « 128 », 1993 (réédition chez Armand Colin).

BUFFARD-MORET, Brigitte, Précis de versification, Armand Colin, coll. « Cursus », 2011 (2e édition).

Deux références majeures (outre celle - très importante - de Benoît de Cornulier, plus difficile à manier en HK, mais dont nous présenterons quelques notions cardinales) :

MAZALEYRAT, Jean, Éléments de métrique française, Armand Colin.

ELWERT, W. T., Traité de versification française, Klincksieck.

Rhétorique, figures de style :

FONTANIER, Pierre, Les Figures du discours, éd. Champs-Flammarion.

DUPRIEZ, Bernard, Gradus, éd. 10/18.

GOYET, Francis, Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance édités au Livre de poche.

AQUIEN, Michèle, Dictionnaire de poétique, Le Livre de Poche.

MOLINIÉ, Georges, Dictionnaire de rhétorique, Le Livre de Poche.