Roman de Renart, Mss Français 12584, fol.59r, Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits.(1301-1350).

Source : Le Blog Gallica de la BnF.

Sur l’explication de texte :

La correction de l’explication de texte que vous m’avez rendue, sur un passage du Donjon de Lonveigh, me donne l’occasion de faire le point sur cet exercice. Ces remarques prolongent ce qui a déjà été fait en cours, depuis le début de l’année (cf. la réflexion sur la lecture et l'explication des textes littéraires), et préludent à la correction, en classe, de la préparation qui a été ramassée. Pour les étayer davantage et les illustrer suivent des extraits de rapports de jury des ENS sur cette épreuve fondamentale en Lettres. Voilà un exercice exigeant, dont l’apprentissage requiert patience et humilité sur le long terme. La méthode que nous suivons est par conséquent un cheminement, une expérience qui mêle réflexion et pratique répétée, le contraire d’une recette, dont l’application immédiate produirait comme par magie des résultats satisfaisants.

1. L’explication de texte ne consiste pas à faire se succéder sans articulations logiques des remarques atomisées qui, à partir de prélèvements souvent mal justifiés, glosent les mots et expressions relevés mais ne les font pas entrer dans l’élaboration d’une interprétation du passage proposé. Affirmer qu’un mot ou une expression « donnent l’idée de…», c’est en rester à une signification de surface, qu’il faudrait développer en faisant appel aux dictionnaires, en fouillant les étymologies. Il conviendrait alors de confronter ce travail aux éléments thématiques et problématiques du texte.

2. Les analyses de l’explication de texte ne procèdent pas d’associations d’idées ni d’extrapolations. Elles résultent d’une observation attentive qui allie la hauteur de vue au souci du détail, en évitant les généralités qui oublient le texte et les lectures myopes qui négligent les ensembles, les cadres dans lesquels les éléments du texte ne peuvent être étudiés comme s’ils étaient séparés les uns des autres : tout mot est solidaire d’un syntagme, d’une phrase, laquelle prend sens dans un paragraphe, une tirade, une strophe…

3. Expliquer un texte exige de savoir mettre en rapport le singulier et l’universel. Le singulier : ce qui fait la spécificité du texte (écrit par un auteur identifié, à une époque précise, dans une langue et un style particuliers, avec un ton personnel…) ; l’universel : tout ce que le texte n’invente pas en propre, qui le précède et que d'autres textes littéraires ont en partage, à quoi il fait référence par attachement ou par rejet (un certain usage de la langue, les lieux communs, certaines œuvres littéraires « classiques » citées, pastichées ou parodiées, réécrites, le genre littéraire auquel le texte appartient, le mouvement littéraire…).

4. Il ne faut pas réduire le texte à ses procédés ni à l'étiquetage de ces derniers, ce qui est faire un mauvais usage de la stylistique. Tout fait de style doit contribuer à l’élaboration rigoureuse d’une interprétation. Si l’analyse formelle est nécessaire, le technicisme et le jargon diafoiresque sont à proscrire.

5. L’explication ne se contente pas de décrire le texte. Elle ne résulte pas de l’application d’une grille de lecture préalable. Néanmoins, ce serait une erreur d’ignorer que tout texte, pour unique qu’il soit, a partie liée avec une langue, des formes et des genres qui lui sont antérieurs et auxquels il emprunte ou s’apparente avec plus ou moins de liberté. La poétique (des genres littéraires), la rhétorique (du discours et des types de textes) et la stylistique (étude de « l’utilisation optimale et concertée des possibilités qu’offre la langue », Joëlle Gardes Tamine, Pour une grammaire de l’écrit, p. 29) ont répertorié ces éléments, qu’il faut connaître et reconnaître pour mieux les situer dans le texte : on n’explique pas une page de roman comme on explique un poème, et dans tous les cas, la maîtrise des règles essentielles de la grammaire (morphologie, syntaxe, lexique) est indispensable pour accéder au sens d’un texte : le rapport du jury de l’ENS de Lyon 2019 insiste sur ce point. Ce même rapport recommande aux candidats de développer également leur « culture générale classique et religieuse » pour comprendre des œuvres comme Les Tragiques ou La Princesse de Clèves… Cela engage les étudiants dans un travail minutieux, long mais passionnant de lecture et d’appropriation des textes fondateurs et passeurs de mythes qui font le terreau de la littérature occidentale : de la Bible à Quintilien, en passant par Homère, Platon – ses dialogues les plus importants -, Aristote – la Poétique-, les tragiques grecs, Cicéron et les élégiaques latins (Catulle, Properce, Tibulle et Ovide), pour ne citer que quelques auteurs essentiels. Mais ce travail descriptif, nécessaire, n’est pas une fin en soi : il doit préparer l’interprétation du texte.

6. Interpréter un texte consiste à élaborer son sens à partir de ses significations, en admettant que ce sens ait du jeu, qu’il ne soit pas l’expression dogmatique d’une lecture univoque de l’œuvre mais une proposition argumentée et construite qui échappe aux évidences ou aux apparences de ce que dit le texte : la littérature est oblique, ce qu’elle signifie n’est pas la reproduction mimétique de ce qu’elle dit. Il s’agit donc, dans une certaine mesure, de cerner un sens caché - en ce qu'il ne se livre pas immédiatement -, qu’il s’agit de dévoiler. Afin de ne pas se méprendre sur sa définition, cette notion, complexe, de sens sera approfondie en classe à l'occasion des nombreux exercices qui seront proposés.

7. Étapes de votre travail au brouillon :

- Étude philologique du texte : compréhension du sens littéral, par l’élucidation des difficultés posées par le vocabulaire et la grammaire du texte.

- Étude du contexte historique et littéraire : a) références au réel historique ; b) situation du texte dans le genre auquel il appartient ; c) rattachement au courant / mouvement d’histoire littéraire qui convient (là encore, la réflexion doit prévenir les risques d'un étiquetage hâtif). Exemples : 1) Racine, Phèdre : tragédie / Classicisme ; 2) Chateaubriand, René : récit / Romantisme ; 3) José-Maria de Heredia, Les Trophées : poésie / Parnasse ; 4) André Breton, Clair de terre : poésie / Surréalisme.

- Réflexion sur la visée du texte : l’auteur édifie un univers pour le lecteur. Que veut-il lui donner à voir ? Il faut se poser des questions sur le texte, en fonction du genre (et du type) auquel il appartient : a) Étude des effets de sens qui implique une attention aux « formes » de l’expression (poème ≠ récit ≠ théâtre) ; b)Questionnement sur la disposition du texte (extrait, fragment, morceau autonome ?).

- Travail au brouillon qui, après une lecture attentive du texte, permet d’en cerner la visée et les principaux aspects (caractéristiques évoquées plus haut).

- Travail mot à mot, ligne à ligne de l’explication, qui en retiendra ce qu'il y a de plus pertinent, en fonction du fil directeur choisi : c’est là que l’étude stylistique – accompagnée de la connaissance de la grammaire – prend tout son sens.

- Attention : l’étude stylistique doit être articulée à d’autres savoirs (cf. fiche sur les « Instruments d’analyse pour l’explication de texte et le commentaire »).

La suite, en cours...


Voici des extraits de rapports de jury de concours qui précisent les exigences de l'explication de texte. Aux intéressés de les méditer et d'en faire leur profit !

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2006

Règles de présentation :

«L’explication de texte se construit selon un certain nombre de règles. Il convient tout d’abord de présenter le texte en une introduction assez brève (on évitera, comme cela est arrivé, de prolonger l’introduction pendant plus de cinq minutes), mais comportant nécessairement une entrée en matière qui permet de situer le texte (dans la structure de l’œuvre, dans la continuité de la narration ou dans une thématique propre à l’œuvre), une lecture (cette lecture est obligatoire et on s’est étonné que certains demandent, candides : « Je lis ? »), une caractérisation globale de ce dont parle le texte et une description de ses différents mouvements (il est inutile d’indiquer les lignes délimitant les mouvements ; en relire rapidement le début et la fin suffit). Enfin, nous insisterons particulièrement sur la problématique : les candidats se contentent trop souvent d’une formalité creuse, alors que cette interrogation (pas nécessairement posée sous la forme d’une question) doit permettre de faire ressortir toutes les potentialités du texte. Il ne faut pas oublier que cette introduction se doit d’être élégante et l’on évitera les formules sèches et maladroites trop souvent entendues (« je vais expliquer le poème numéro 38 de Charles Baudelaire », « je passe à la lecture », « pour ce qui est de la situation », « nous découperons le texte en trois parties »). Cette exigence d’élégance concerne tout particulièrement la lecture ; même si nous n’attendons pas des candidats qu’ils soient acteurs, ils doivent savoir dramatiser leur lecture des textes théâtraux (on a par exemple regretté la lecture très plate du beau dialogue : « LEVIEUX : Et les poux – LA FILLE, très vache : Y en a. » dans une explication pourtant très bonne du quatrième tableau du Balcon) ; de même, nous attendons un petit effort dans la lecture des textes poétiques. Les belles lectures, légères et ironiques, qu’ont suscitées Le Petit poucet, Le Petit Chaperon rouge ou Riquet à la houppe ne pouvaient que valoriser les explications en question : elles étaient déjà une interprétation.»

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2015

Sur l’élucidation du sens littéral

«Si bien des candidats ont exploré la richesse lexicale des extraits qui leur étaient soumis, d’autres ont escamoté certains passages ou ont commenté à contresens faute de connaître le sens littéral des mots du texte. De façon générale, tout mot ou toute construction archaïque ou seulement insolite doit faire l’objet d’une élucidation, en donnant les éléments d’une définition ou d’une glose paraphrastique. La préparation au fil de l’année ne peut pas faire l’économie d’un travail de fond sur le sens propre des mots et la lecture ne saurait se faire qu’à l’aide d’un dictionnaire fiable, soit imprimé, soit numérisé (TLFI, par exemple). Nous rappelons qu’au cours de la préparation de l’épreuve, les candidats ont accès à des usuels et doivent impérativement vérifier le sens de tout mot qui leur serait incertain. Si certains candidats sont parvenus à faire plus ou moins illusion au cours de l’explication, l’entretien a mis en évidence les hésitations sur le sens d’un mot ou d’un passage. Par exemple, des prestations sur Les Regrets ont été en demi-teinte ou franchement ratées faute d’avoir élucidé le sens du mot « mâtin » (sonnet 69), de l’expression « Saint-Père » (sonnet 105) ou encore le sens financier du mot « intérêt » associé aux mots « prêter » et « rendre » (sonnet 151). Au demeurant, le contexte permettait souvent d’en inférer leur sens (« grondes », « affamé » et « chien » dans le sonnet 69 par exemple).»

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2001

L’explication de texte questionne plus qu’elle n’affirme

«Les explications entendues tendent donc pour la plupart à une vérification, au lieu qu’elles devraient donner la mesure d’un questionnement. Pourquoi ne pas s’étonner d’abord devant un texte, et jouer des bénéfices de cette position initiale au long de l’explication? Qu’est-ce qui interdit de s’arrêter sur une difficulté lexicale ou sémantique, de dégager des tensions plutôt que de postuler l’a priori d’une cohérence, et, sur un plan technique, de réserver au déroulement de l’explication les observations qui permettront de conclure sur l’avancée d’une lecture?»

Importance de l’intertextualité 1

(A propos de Lamartine)

«C’est l’occasion pour les jurys d’observer que si elle constitue une étape lente et difficile dans un apprentissage de lecteur, l’identification des intertextes devrait trouver une place plus constante et plus réfléchie dans l’approche des œuvres et participer, autant que le permet la jeunesse des candidats, à l’élaboration d’une lecture, sinon d’un discours sur la littérature. Elle le doit d’autant plus qu’elle ne peut initier une réflexion poétique et historique qu’en impliquant une conscience accrue des formes de la mémoire littéraire – celle de l’œuvre sans doute, celle du candidat tout aussi bien.»

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2012

Importance de l’intertextualité 2

La culture biblique

« La culture biblique fait manifestement défaut aux candidats. Le jury peut même avouer, avec quelque insistance, que l'ignorance en cette matière lui paraît sidérante. Les préparateurs, dès la première année de l'hypokhâgne, veilleront à rectifier ce point. Cela a donné lieu à des contresens et des aveuglements parfois aberrants au sujet des poèmes d’Apollinaire. »

ENS Paris Rapport du Jury du concours B/L session 2002

Importance de l’histoire littéraire et de l’histoire des idées

«L’analyse de la composition a été souvent insuffisamment approfondie, au détriment d’une réflexion, qui eût pu avoir quelque utilité, sur le lien possible entre la structure et la signification du texte. L’arrière-plan historique, notamment du point de vue de l’histoire des idées ou des mentalités, est volontiers négligé ( un commentaire a ainsi échoué à faire apparaître l’axiologie implicite qui fondait la condamnation et la stigmatisation saint-simoniennes de la duchesse du Maine), au profit du déploiement d’un savoir rhétorique mal dominé et souvent inopportun : cette année, au « hit-parade » des figures de style, l’hypotypose et l’hyperbate triomphaient nettement, et souvent mal à propos, mais des candidats (sans doute plus intéressés par le «marketing » que par la littérature) ont transformé la personnification en « personnalisation », ou se sont avérés incapables d’identifier ce qu’on appelait à l’âge classique les « grandes figures » comme l’apostrophe, - tout en s’acharnant à discerner des « mises en abîme » imaginaires. L’analyse des procédés ironiques a trop souvent échoué à se hisser au-dessus du repérage scolaire et mécanique d’antiphrases.»

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2003

Importance et nécessité de maîtriser l’analyse « stylistique » et de la subordonner rigoureusement à l’élaboration d’une interprétation : lecture « personnelle » vs lecture «myope»

«L’incapacité parfois constatée à distinguer pronoms et articles, adverbes et conjonctions de coordination, pronoms et adjectifs possessifs…, est évidemment préjudiciable à l’explication précise d’un texte, sans compter le fait qu’elle rend difficile le dialogue entre le candidat et le jury à l’issue de sa prestation. Pour autant le commentaire ne doit évidemment pas se limiter à la description et à l’énumération de faits de langue. Tout en éclairant le travail de l’écriture, leur analyse doit être mise au service d’une interprétation du texte ; elle ne constitue en aucune manière une fin en soi, pas davantage que le relevé de figures de rhétorique assez rares, exhibées par certains candidats comme de précieux spécimens dont la découverte serait en soi source de jouissance. C’est donc bien aux figures de sens que les candidats devraient d’abord être attentifs, en tout premier lieu à la métaphore, que certains candidats ne savent pas identifier et encore moins commenter (tel d’entre eux risque successivement les termes de métonymie et d’hypallage avant de parler de métaphore, pour commenter « La charité est cette clef », dans un poème de Rimbaud).»

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2006

«Nous attendons avant tout des candidats qu’ils mobilisent une lecture personnelle des textes et qu’ils en construisent le sens. Cela signifie que l’analyse rhétorique ou poétique est un moyen et non une fin en soi. Une attention myope à ces effets ne peut se substituer à l’élucidation du sens. Ainsi, telle explication commentait les jeux de sonorités, de rythmes, mais n’était pas capable de suivre l’argumentation rassurante de Voltaire quand il compare la pratique de l’inoculation de la vérole à des pratiques agricoles pour désamorcer l’inquiétude potentielle de ses lecteurs. Il faut en particulier éviter de surdéterminer certaines caractéristiques banales (l’alternance des rimes féminines et masculines est une règle presque universelle dans la poésie française de Ronsard à Rimbaud et on ne peut en tirer une interprétation de la lutte des sexes dans Grisélidis), de réduire la poésie à quelques « symptômes » formels comme les allitérations (à en écouter certains, tout effet sonore nous plongerait dans un abîme poétique !) ou de donner un sens à un élément (sonore, grammatical) isolé (comme quand un rythme « haché » était lu comme une caractéristique scientifique du texte de Voltaire). Les candidats retiendront qu’une remarque stylistique quelle qu’elle soit ne saurait par elle-même construire un effet de sens.»

ENS Lyon Rapport du Jury du concours A/L session 2010

«Pour ce qui concerne la lecture « myope », il convient de rappeler qu’il ne suffit pas d’accumuler des observations de nature stylistique pour satisfaire aux exigences de l’exercice. Les notations de style n’ont d’intérêt que si elles sont mises au service d’un sens et d’une interprétation du texte. Ainsi à propos des Regrets, les remarques de scansion ou de métrique — trop rares d’ailleurs — sont intéressantes, mais à condition de prendre corps dans une interprétation générale. Isolées, elles ne disent rien du texte. De la même façon, tel commentaire de la Princesse de Clèves notera la récurrence de la litote, sans relier cela à l’expression en sourdine du sentiment amoureux, ou à l’atténuation d’une vérité d’ordre social. Tel autre s’attachera à démontrer l’alternance des passés simples et imparfaits chez Flaubert (sans voir qu’il s’agit là d’une caractéristique commune à bien des textes !) en négligeant de relier ce fait à la situation précise d’un passage. Le passé simple n’est pas, mécaniquement, le temps de l’action ponctuelle et l’imparfait l’expression de la durée, mais bien des nuances peuvent être appréciées en partant de remarques simples. Tel autre candidat verra un antagonisme entre deux personnages dans une scène des Mains sales sans le relier à l’expression historique de doctrines politiques ou à des références à la philosophie sartrienne ; la notion de « contingence », par exemple, ne doit pas poser problème à un candidat qui avait à son programme une œuvre de cet auteur. Le problème apparaît de façon particulièrement nette quand le candidat s’aventure sur le terrain des sonorités. Ainsi, s’il est bon de remarquer les allitérations, les assonances et les paronomases, on ne peut se contenter de cette simple notation et, pire, affirmer tout de go que la sonorité « R » est en soi une sonorité dure (ou douce, au choix) qui dit le malaise du personnage, que des assonances en « ou » montrent bien le désarroi de la Dauphine…D’une façon générale, le travail d’entomologie stylistique est donc à proscrire. L’on attend du candidat un va-et-vient intelligent entre les phénomènes stylistiques et l’interprétation. Ce n’est qu’ainsi que l’on construit une bonne explication.»


Les leçons de Jean Starobinski

C'est une règle, en principe évidente, mais qu'il faut rappeler : l'explication de texte ne réduit pas l'oeuvre à une grille de lecture préalable. Dans ce sens, elle ne peut être confondue avec le travail de la critique littéraire. Rien n'interdit cependant d'emprunter à cette dernière des questionnements et parfois des instruments d'analyse pour lire - ici expliquer - le texte avec plus de perspicacité. La petite séquence proposée ci-dessous présente, dans un raccourci - un clin d'oeil, si j'ose dire ! - dont nous expliciterons et complèterons les présupposés en cours, des approches du texte littéraire certes propres à Jean Starobinski mais qui rejoignent en grande partie les exigences de l'explication : l'importance accordée à la lettre du texte (philologie) et à la stylistique (dont la définition ne se restreint à une panoplie de figures), la nécessité de croiser les problématiques philosophiques et littéraires (et plus largement des sciences humaines), le rôle prépondérant de la curiosité et la relation d'empathie - qui n'exclut pas la distance critique - que l'on devrait entretenir avec l'oeuvre...