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Incipit de l'Évangile de saint Luc, manuscrit du IXe siècle. France (école de Tours), seconde moitié du IXe siècle, (c) BnF, Manuscrits occidentaux, Latin 261, fos 74vo-75.

On peut lire sur la page de gauche : « Incipit evangelium secundum Lucam. » Traduction : « (Ici) commence l’évangile selon Luc .»

Commentaire BnF : « Les yeux de l'évangéliste Luc semblent, au seuil de son livre, tirés par une force ascensionnelle au-delà du sensible.»

(Source : Bnf : L'Aventure des écritures)

A compléter avec la lecture des billets suivants : 23 janvier 2014 et 12 avril 2015.

Exercice : Un tableau des différents livres bibliques a été distribué vendredi dernier en classe. Il sera bientôt commenté. On y repérera les principaux récits et symboles qui ont nourri la culture occidentale et que vous aurez besoin de connaître pour lire et comprendre nombre d’œuvres littéraires et artistiques.

Pour appuyer mes propos, voici successivement des extraits de deux ouvrages – conçus notamment pour les étudiants - qui traitent de « culture biblique ». Le premier peut être ajouté à la bibliographie proposée dans le billet du 23 janvier 2014, dans laquelle le second est déjà cité.

 Eric Benoît, La Bible en clair, éd. Ellipses, 2009, p. 5 :

« L’intertextualité biblique occupe une place importante dans la littérature et par conséquent dans les études littéraires. Il n’est pas possible de lire Rabelais, Pascal, Racine, Chateaubriand, Hugo, Claudel, Péguy…sans un minimum de connaissances permettant de percevoir les références religieuses et particulièrement bibliques. Cette intertextualité biblique devient très présente chez certains poètes du XXe siècle : Raïssa Maritain, Pierre Jean Jouve, Pierre Emmanuel, Patrice de la Tour du Pin, Jean-Claude Renard, Jean Grosjean, Edmond Jabès. Même les œuvres d’auteurs agnostiques (comme Nerval, Proust), ou critiques envers la religion (comme Voltaire), ou officiellement athées (comme Sartre, Beckett, Leiris), sont remplies de références bibliques, que les lacunes de lecteurs ignorants risquent de rendre inintelligibles. Ces remarques valent bien sûr pour la littérature étrangère (Dante, Milton, Blake, Dostoïevski, Joyce), ainsi que pour la philosophie (Lévinas, Ricœur), et aussi pour tous les autres arts à tel point qu’il n’est pas possible de visiter correctement un musée sans un minimum de connaissances bibliques. »


 Philippe Sellier, La Bible : aux sources de la culture occidentale, éditions du Seuil, coll. «Sagesses», 2007, pages 9-10.

« La Bible constitue l’un des fondements de la culture occidentale, qui repose sur deux ensembles de textes prestigieux, les uns grecs, les autres juifs. On résume souvent cette généalogie par les noms de deux villes : Jérusalem et Athènes. (...)

« La Bible a doté la littérature universelle de quelques-uns de ses livres les plus éclatants, comme le Livre d’Isaïe et maintes pages des autres prophètes, le Livre de Job, l’Ecclésiaste ou le Cantique des cantiques. Ses récits des origines du monde l’ont emporté sur les mythes grecs et ont fourni leur cadre symbolique à des dizaines de générations. Elle a fait rêver et agir, grâce à des scénarios saisissants comme la libération de l’esclavage d’Egypte, la traversée du Désert, l’entrée dans la Terre Promise, et surtout l’apparente « tragédie » de la Passion du Christ, épreuve initiatique qui débouche sur la Résurrection et s’offre en modèle à toute vie. Les Psaumes ont nourri la prière de milliards d’hommes. L’Apocalypse de Jean a enflammé les imaginations et proposé un exceptionnel trésor d’images.

Les épisodes et les personnages bibliques ont suscité une profusion d’œuvres littéraires, plastiques et musicales, dont l’accès risque de demeurer fermé si l’on ignore tout de leur source d’inspiration. Un peintre aussi génial que Rembrandt a créé à partir de la Bible 145 de ses 600 tableaux. 70 eaux-fortes et 575 dessins. De la Passion du Christ il a représenté tous les moments, nous laissant un véritable reportage plastique. Bien plus, une foule d’expressions et d’adages venus des textes bibliques ont essaimé dans les langues de l’Occident. »


Emission sur la Bible en tant que texte littéraire : « La Bible et la Littérature », avec Cécile Hussherr, maître de conférences en Littérature comparée.

Le propos des participants est strictement littéraire, et c'est en cela qu'il nous intéresse. Il aborde la Bible comme un vaste texte littéraire, qui a inspiré la littérature mondiale. Soyez attentifs, notamment, au passionnant passage sur le mythe d'Abel et Caïn, dont Cécile Hussherr esquisse la postérité littéraire, de saint Augustin à Lord Byron, en passant par Agrippa d'Aubigné et Shakespeare... La mise en relation des moralistes cités (La Fontaine, La Rochefoucauld et La Bruyère) avec la littérature sapientiale de la Bible (Les Proverbes, L'Ecclésiaste, Job, La Sagesse) est aussi intéressante.