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Mohamed Mbougar SARR. (c) Le Temps. (Photographie : letemps.ch)

MARDI 29 NOVEMBRE - 14H00 - SALLE IMAGO MUNDI

La conférence de Mohamed Mbougar Sarr – sur le thème : « La Littérature, la Politique et le Mal » - s'inscrit dans le programme de littérature 2016-2017 de l'Hypokhâgne du lycée Pierre d'Ailly, qui comprend notamment les Maximes de La Rochefoucauld et Les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, éclairées par La Littérature et le Mal, de Georges Bataille. Au-delà de l’œuvre de Bataille, et en prenant Terre ceinte pour exemple, il est question de réfléchir plus généralement, avec ce roman, sur « Ce que la littérature doit au mal », pour reprendre le titre d’un essai récent.

Les classes préparatoires littéraires, HK et KH, les deux terminales L ainsi que certaines classes de première sont concernées par cette manifestation. Les anciens étudiants de nos prépas sont traditionnellement invités aux RENCONTRES. Ils peuvent me confirmer par courriel leur présence ce jour-là.


Terre ceinte (2015)

Les fanatiques exaltés sont les moins à craindre : leur propre bêtise, dont ils n’ont pas conscience, suffit à les condamner ; elle les réduit à la triste et tragique dimension de pauvres histrions. Mais les fanatiques froids, dont l’exaltation folle ne se traduit qu’à travers ce calme épouvantable et cette précision clinique qu’ils mettent dans tous leurs gestes, voilà les hommes que la raison autant que le cœur doit craindre. Le fanatisme véritable trouve son expression la plus aboutie et la plus dangereuse dans les élites qui l’incarnent : dans ces hommes qui ont été éduqués, en partie, à l’école occidentale, qui en maîtrisent la rhétorique, en connaissent les subtilités, en possèdent le langage, et qui s’en servent habilement.

Chapitre 19 (p. 94)


On ne mesure jamais à quel point toute guerre est aussi, peut-être surtout, une entreprise de destruction, par son altération du langage. Obéissant aux passions des uns et des autres, il sert leurs rhétoriques, antagonistes dans leurs desseins, jumelles par leur semblable allégeance à la violence.

Ainsi toute guerre, parce qu’elle est, pire qu’une altération du langage, son aliénation pure et simple, devient par conséquent, fondamentalement, une atteinte portée à la Vérité.

Chapitre 34 (p.208)