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Georg Friedrich Kersting (Güstrow, 1785-Meissen, 1847), Lecteur près de la lampe, 1814 (détail) : (c) Winterthur, Fondation Oskar Reinhart. // Ilya Galkin (1860-1915) Reading 1890.

Je souhaite aux futurs Hypokhâgneux de bonnes vacances et de belles lectures estivales, mais aussi de belles « rêveries », prémices d'un travail qui n'aura de sens que s'il est accompli avec une curiosité joyeuse, à la lumière du jour ou sous la lampe, dont Bachelard éclaire l'imaginaire dans La Flamme d'une chandelle. En voici quelques lignes suggestives, sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir dans le courant de l'année :

Gaston BACHELARD, La Flamme d'une chandelle (1961)

«Seul, la nuit, avec un livre éclairé par une chandelle — livre et chandelle, double îlot de lumière, contre les doubles ténèbres de l’esprit et de la nuit.

J’étudie ! Je ne suis que le sujet du verbe étudier.

Penser je n’ose.

Avant de penser, il faut étudier.

Seuls les philosophes pensent avant d’étudier.

Mais la chandelle s’éteindra avant que le livre difficile soit compris. Il faut ne rien perdre du temps de lumière de la chandelle, des grandes heures de la vie studieuse.

Si je lève les yeux du livre pour regarder la chandelle, au lieu d’étudier, je rêve.» (PUF, coll. Quadrige, pages 54-55).

(...)

« Le véritable espace du travail solitaire, c’est, dans une petite chambre, le cercle éclairé par la lampe. Jean de Boschère savait cela, qui écrivait : Il n’y a qu’une chambre étroite qui permette le travail. (1) Et la lampe de travail met toute la chambre dans les dimensions de la table. Comme la lampe de jadis, en mes souvenirs, concentre la demeure, refait les solitudes du courage, ma solitude de travailleur !

(...) On ne sait pas ce que pense le travailleur à la lampe, mais on sait qu’il pense, qu’il est seul à penser.» (page 108).

(1) Jean de BOSCHÈRE, Satan l’Obscur, p. 195.

(...)

«Par la lampe un bonheur de lumière s’imprègne dans la chambre du rêveur.

Nous accumulerions aisément une grande quantité d’images qui disent d’un trait la valeur humaine des lampes. Elles ont, ces images, quand elles sont bonnes, un privilège de simplicité. Il semble que l’évocation d’une lampe soit assurée d’une résonance dans l’âme d’un lecteur qui aime se souvenir. Un halo poétique entoure la lumière de la lampe dans le clair-obscur des songes qui raniment le passé.» (page 99).

(...)

«Une grande joie de parole nous est donnée par le poète.» (page 75).