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© Gallimard

EXERCICE DE RÉFLEXION :

NOTEZ SUR UNE FICHE TOUTES LES REMARQUES QUE CES CITATIONS VOUS INSPIRENT ET PENSEZ AUX ROMANS QUI POURRAIENT ÉTAYER VOS IDÉES.

Rappel : Une anthologie de textes romanesques vous a été distribuée (dossier photocopié). Lisez-la attentivement. Avec le programme des khôlles sur le roman, elle constitue un réservoir d'exemples dans lequel vous devrez puiser pour vos préparations et pour la dissertation du concours blanc.

Pour gagner du temps :

Lire également très attentivement sur ce blogue le billet du mercredi 10 avril 2013 intitulé : Qu’est-ce qu’un roman « balzacien » ? Question traitée dans le cours «Genres/Notions ». Corpus de textes pour étayer la réflexion sur Roman/Récit/Nouvelle : de Marguerite de Navarre à Louis-Ferdinand Céline...


Définition :

ROMAN. La grande forme de la prose où l'auteur, à travers des ego expérimentaux (personnages), examine jusqu'au bout quelques thèmes de l'existence.

Milan Kundera, L’Art du roman, Gallimard, 1986, p. 175


Découvrir ce que seul un roman peut découvrir, c’est la seule raison d’être d’un roman. Le roman qui ne découvre pas une portion jusqu’alors inconnue de l’existence est immoral. La connaissance est la seule morale du roman.

Milan Kundera, L’Art du roman, Gallimard, 1986, p. 16


En tant que modèle de ce monde, fondé sur la relativité et l’ambiguïté des choses humaines, le roman est incompatible avec l’univers totalitaire. (…) La Vérité totalitaire exclut la relativité, le doute, l’interrogation et elle ne peut jamais se concilier avec ce que j’appelle l’esprit du roman.

Milan Kundera, L’Art du roman, Gallimard, 1986, p. 25


L’ambition du romancier est non pas de faire mieux que ses prédécesseurs, mais de voir ce qu’ils n’ont pas vu, de dire ce qu’ils n’ont pas dit. La poétique de Flaubert ne déconsidère pas celle de Balzac, de même que la découverte du pôle Nord ne rend pas caduque celle de l’Amérique.

Milan Kundera, Le Rideau, Gallimard, 2005, p. 47


Être romancier fut pour moi plus que de pratiquer un « genre littéraire » parmi d’autres; ce fut une attitude, une sagesse, une position (…) J’ai fini par avoir ces dialogues étranges: «vous êtes communiste, monsieur Kundera? – Non, je suis romancier. » « Vous êtes dissident? – Non, je suis romancier. » « Vous êtes de gauche ou de droite? – Ni l’un ni l’autre. Je suis romancier ».

Milan Kundera, Les Testaments trahis, Gallimard, 1993, p. 187


Gargantua-Pantagruel, c’est un roman avant la lettre. Un moment miraculeux, et qui ne revient plus, où un art ne s’est pas encore constitué en tant que tel et n’est donc pas normativement délimité. Dès que le roman commence à s’affirmer comme un genre spécial ou (mieux) comme un art autonome, sa liberté originelle se rétrécit ; arrivent des censeurs esthétiques qui pensent pouvoir décréter ce qui répond ou non au caractère de cet art (ce qui est ou non un roman), et un public se constitue qui a bientôt ses habitudes et ses exigences. Grâce à cette liberté première du roman, l’œuvre de Rabelais recèle d’immenses possibilités esthétiques dont quelques-unes se sont réalisées dans l’évolution ultérieure du roman et d’autres ne se sont jamais réalisées. Or le romancier reçoit en héritage non seulement tout ce qui a été réalisé mais aussi tout ce qui a été possible. Rabelais le lui rappelle.

Milan Kundera, Une rencontre, Gallimard, 2009, p. 91-92