Proust_Du_cote_de_chez_Swann.jpg

1913-2013

© Gallimard

HISTOIRE LITTÉRAIRE

Littérature du XXe siècle

Du côté de chez Swann (« Un amour de Swann) (1913), de Marcel Proust :

« C’est le roman d’une existence à la recherche de son essence. »

(Georges Poulet, Etudes sur le temps humain, éd. Pocket, p. 408)

TRAVAUX : les références renvoient à l’édition d’Elyane Dezon-Jones : Marcel Proust, A la recherche du temps perdu tome 1: Du côté de chez Swann, (éd. Le Livre de Poche). ISBN : 978-2253059097. Seule la lecture de la partie intitulée « Un amour de Swann » (pages 235-429) est exigée, mais il est vivement conseillé de tout lire.

Le programme de travail qui suit se contente d’indiquer les grandes lignes du cours et les principales préparations données aux élèves.

1. Exercices préalables : Dans la présentation du colloque international qui s’est tenu en juillet 2012 à Cerisy-La-Salle, pour le centenaire de Du côté de chez Swann (1913), les deux directeurs de ce symposium, Antoine COMPAGNON et Kazuyoshi YOSHIKAWA, se sont exprimés ainsi : « Le premier volume d’À la recherche du temps perdu de Proust, a été publié en 1913, «année magique» pour l’art et la littérature, car ils firent l'objet d'une publication, non seulement Du côté de chez Swann, mais aussi Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, Alcools d’Apollinaire, La Colline inspirée de Barrès, La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France de Cendrars, A.-O. Barnabooth de Larbaud, Jean Barois de Martin du Gard, Ève et L’Argent de Péguy, Stèles de Segalen. Ce fut encore l’année du Sacre du printemps de Stravinski aux Ballets russes, de la fondation par Copeau du théâtre du Vieux-Colombier, ou de la Roue de bicyclette de Duchamp. » Voilà un intéressant programme de lecture et de réflexion pour mieux contextualiser l’œuvre immense de Proust, que nous aborderons modestement cette année. Choisissez trois œuvres littéraires et une œuvre d’art dans cette liste et faites-en un compte rendu précis sur fiche.

2. Le cours présentera La Recherche (façon d’abréger le titre général de l’œuvre) dans son ensemble : son architecture (métaphore filée par Proust lui-même), ses realia, son narrateur, dont l’histoire, pour Gérard Genette (1972), se résume à cette formule « Marcel devient écrivain » (p. 237) mais aussi sa « situation » dans le roman français voire européen. Pour s’y préparer, vous pourriez réfléchir à la question suivante : pourquoi Proust compare-t-il son œuvre à une cathédrale ? Faites les recherches qui s’imposent pour répondre à cette question. (Précisions données en classe).

3. Synthèse / Exposé : Il convient de se renseigner sur les deux œuvres inabouties qui contiennent en germe et annoncent A la recherche du temps perdu : Jean Santeuil (écrit entre 1895 et 1902 et seulement publié sous ce titre en 1952) et Contre Sainte-Beuve (écrit en 1908 et seulement publié sous ce titre, qui est de Proust, en 1954). Le Contre Sainte-Beuve (Gallimard, Folio/Essais n° 68) devrait figurer en bonne place dans la bibliothèque de tout Hypokhâgneux qui se respecte : Proust y définit une opposition devenue célèbre entre le moi social et le moi créateur. En quoi consiste-t-elle ? Les écrivains sur lesquels portent ses analyses sont Balzac, Nerval et Baudelaire. Est-ce un hasard ?

4. Programmes de lecture . Avant d’entrer dans Un amour de Swann, il est nécessaire de bien comprendre comment et pourquoi ce récit –cette « analepse » dirait Genette – constitue la deuxième partie de Du côté de chez Swann. Les textes suivants, extraits de la première et de la troisième partie, sont soumis à votre attention : ils doivent être lus et bien situés, car ils pourront faire l’objet d’une explication de texte en classe. (Ces deux programmes de lecture - que je ne publie pas ici - vous ont été distribués en classe : quatorze extraits).



5. Exposés : La jalousie est une « passion littéraire », dont Barthes a admirablement parlé dans Fragments d’un discours amoureux (Le Seuil, 1977). Des exposés vous sont proposés sur les œuvres suivantes, qui ont pour protagonistes des jaloux célèbres :

— Shakespeare, Othello (1604). — Molière, Le Misanthrope (1666). — Racine, Phèdre (1677). — Dostoïesvski, L’Eternel mari. (1870). — Tolstoï, La Sonate à Kreutzer (1889). — Svevo, Senilita (1898).

6. Exposé : L’art, formes et significations dans ce premier volume de Proust ou –portion congrue – seulement dans Un amour de Swann : songez à la fameuse sonate de Vinteuil, aux nombreuses références picturales qui émaillent le texte proustien (Les Vices et les Vertus de Giotto, Les Episodes de la vie de Moïse, la Vénus et Le Printemps de Botticelli, pour ne citer que ces deux peintres, mais il y en a bien d’autres : Le Tintoret, Watteau, Gustave Moreau, etc., Swann étant un grand amateur d’art). Les artistes sont nombreux dans La Recherche : on peut citer l’actrice la Berma, l’écrivain Bergotte, le peintre Elstir et le compositeur Vinteuil. Ces personnages ont chacun plusieurs modèles, dont parfois un principal (qu'il faudra identifier).

7. Proust, romancier philosophe. Dans quel sens ?

Biographies de Proust :

 Pour une initiation :

• MAURIAC Claude, Proust par lui-même, Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1953.

• RAIMOND Michel et FRAISSE Luc**, Proust en toutes lettres, éd. Bordas, 1993.

• TADIḖ Jean-Yves**, Proust. La Cathédrale du Temps, Gallimard, coll. « Découvertes », 1999.

Ouvrages de référence :

• PAINTER George D., Marcel Proust (1959 et 1965), trad. fr., Mercure de France, 1966, 2 vol.

• TADIḖ Jean-Yves**, Marcel Proust (1996), Gallimard, « Folio », 1999.

Etudes critiques sur Proust :

• DELEUZE Gilles**, Proust et les signes (1964), PUF, 7e éd., 1986.

• FRAISSE Luc**, L’Esthétique de Marcel Proust, Paris, SEDES, 1995.

• FRAISSE Luc**, Lire « Du côté de chez Swann », Paris, Dunod, 1993 ; rééd. Paris, Armand Colin, 2005.

• FRAISSE Luc**, L’Œuvre cathédrale – Proust et l’architecture médiévale, Paris, Corti, 1990. Ouvrage couronné par l’Académie française – prix de l'essai 1991 – ; rééd. augmentée Paris, Classiques Garnier, «Bibliothèque proustienne», 2014.

• GENETTE Gérard**, « Proust palimpseste », Figures I (1966), Éd. du Seuil, « Points ».

• GENETTE Gérard**, « Proust et le langage indirect », Figures II (1969), Éd. du Seuil, « Points ».

• GENETTE Gérard**, « Métonymie chez Proust » et « Discours du récit », Figures III, Éd. du Seuil, 1972.

• MILLY Jean, Les Pastiches de Proust, Colin, 1971.

• MILLY Jean, Proust et le style, Minard, 1970 ; Genève, Slatkine, 1990.

• MILLY Jean, La Phrase de Proust, Larousse, 1975 ; Champion, 1983.

• RAIMOND Michel, Proust romancier, Sedes, 1984.

• RICHARD Jean-Pierre**, Proust et le monde sensible (1974), Éd. du Seuil, « Points ».

• ROUSSET Jean**, « Proust. ‘À la recherche du temps perdu’ », Forme et signification, Corti, 1962.

• SPITZER Leo, « Le style de Marcel Proust » (1928), Études de style, trad. fr. (1970), Gallimard, « Tel ».

• TADIḖ Jean-Yves**, Proust et le roman (1971), Gallimard, « Tel ».