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Caricature de Victor Hugo par Honoré Daumier. Parution dans Le Charivari : Les représentants représentés. 20 juillet 1849. Et « Victor Hugo » par Étienne Carjat, Le Drôlatique, revue humoristique illustrée, n° 12, 29 juin 1867.

(C) RMN-Grand Palais (domaine de Compiègne) / image Compiègne (pour la caricature de Daumier). (Avec l’autorisation de l’agence photographique de la RMN-GP).

«Le crâne du poète est un monde effrayant

Où de sombres oiseaux volent en tournoyant.»

Les Quatre Vents de l'Esprit

Nous évoquerons en classe différentes pistes de réflexion qui expliquent peut-être l'origine de ce symbole du génie poétique (le crâne) chez Hugo :

- anthropologique : goût et intérêt de Victor Hugo pour les sciences qui mesurent le crâne et en évaluent l'intelligence par le poids, la forme, etc. Phrénologie de Gall et Spurzheim, mais Hugo a rencontré et a souvent conversé avec Cuvier (anatomiste paléontologue) et Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire (naturaliste).

- psychanalytique : Charles Baudouin a diagnostiqué chez Hugo ce qu'il appelle le complexe du front : le jeune Victor aurait fait très tôt de son grand front le symbole narcissique d'une supériorité intellectuelle ardemment désirée, compensant ainsi un «sentiment originel d'infériorité» (cf. Charles Baudouin, Psychanalyse de Victor Hugo, éd. Armand Colin, 1972, p. 27).

- littéraire : petite incursion dans ses lectures et dans ses œuvres (cf. la «Tempête sous un crâne» des Misérables) ou dans celles de certains de ses contemporains, qu'il peut rejoindre (comme le Balzac de la Comédie humaine, oui...).

- ? : dernière piste que je ne nomme pas pour vous la laisser deviner et qui conjugue symbolisme mystique et mythologie personnelle, comme dirait Charles Mauron... Nous verrons cela ensemble.

A méditer ce mot sarcastique de Charles Baudelaire - qui pourrait légender une caricature de Daumier - dans des Fusées de 1856 :

« Hugo pense souvent à Prométhée. Il s’applique un vautour imaginaire sur une poitrine qui n’est lancinée que par les moxas (1) de la vanité. Puis l'hallucination se compliquant, se variant, mais suivant la marche progressive décrite par les médecins, il croit que par un fiat de la Providence, Sainte-Hélène a pris la place de Jersey .»

(1) : MOXA. n. m. T. d'ancienne Chirurgie. Sorte de cautérisation qui consistait à appliquer sur quelque partie du corps un petit cône de coton, d'étoupe, etc., auquel on mettait le feu. Appliquer le moxa. On lui a appliqué deux ou trois moxas. Dictionnaire de l’Académie Française.

La suite, en cours...